L’organisme Cactus entend aller de l’avant pour offrir des Services d’injection supervisée (SIS) même sans l’approbation du maire de Montréal, Gérald Tremblay.
En février, M. Tremblay a adressé une fin de non recevoir à Cactus. «Nous en avons longuement discuté et il n’est pas question de voir un SIS dans un organisme communautaire comme Cactus, disait le maire lors d’un conseil municipal. C’est un non unanime. Si ça se fait, ça doit se faire dans un hôpital ou dans un autre établissement du réseau de la santé.»
En marge d’un colloque organisé par Cactus jeudi, le fondateur du groupe, Louis Letellier, a qualifié la proposition du maire de «mauvais compromis». Selon lui, Montréal a atteint le seuil «d’acceptabilité sociale» pour aller de l’avant rapidement avec le projet. «La position de M. Tremblay n’est pas réfléchi et ne s’appuie sur aucune base scientifique», a déploré M. Letellier.
Une représentante de la Direction de la Santé publique, Dre Carole Morissette, assistait à l’évènement de Cactus. Elle a confié que, selon elle, M. Tremblay n’aura d’autre choix que de se rendre à l’évidence et autoriser les SIS à l’intérieur des groupes communautaires. «Le maire sera sensible aux 70 Montréalais qui décèdent chaque année puisqu’ils n’ont pas accès aux SIS», a-t-elle affirmé.
Mme Morissette rappelle que l’Agence de santé et des services sociaux recommande la création de quatre sites d’injection supervisée à Montréal d’ici la fin de l’année 2012. Le groupe InSite de Vancouver, qui a maintenu le droit d’opérer un SIS devant le Cour suprême en septembre 2011, était présent pour partager son expertise lors du colloque.
La seule pièce du casse-tête pour ouvrir les SIS reste le finan cement, selon Mme Morissette. Québec tarde à annoncer son soutien financier au projet en invoquant que le projet ne fait pas encore l’unanimité. Les propos de M. Tremblay pourraient ne pas être étrangers à l’hésitation du ministre de la Santé à donner le feu vert. Cactus conserve pour l’instant sa dernière carte dans son jeu : l’ouverture d’un SIS par un financement autonome, sans l’approbation des autorités.
Par ailleurs, une attachée de presse de l’administration Tremblay, Martine Painchaud, a affirmé jeudi à Métro que M. Tremblay ne changerait pas de position sur les SIS. Personne au Comité exécutif n’était disponible pour répondre à nos questions.
Un sénateur conservateur dénonce l’approche répressive
Le sénateur conservateur Pierre-Claude Nolin a choisi d’être le mouton noir de son caucus en défendant publiquement les SIS. Lors d’un colloque organisé par Cactus jeudi, il s’est réjoui que la Cour suprême reconnaisse le droit d’opérer les SIS.
«La santé publique a pris le dessus sur le droit criminel», a affirmé M. Nolin. Les politiciens qui s’opposent à l’ouverture des SIS le font pour des raisons électorales, selon lui. «C’est un dossier trop grave pour faire de la politique partisane», a-t-il ajouté.
M. Nolin ne souhaite toutefois pas que Cactus ouvre unilatéralement un SIS. Le sénateur a plaidé pour ne pas placer les gens «devant un fait accompli, mais de résoudre les problèmes par la concertation».
Ailleurs au Canada
Les villes canadiennes suivantes pourraient mettre en place des SIS :
- Halifax
- Ottawa
- Toronto
- Calgary
- Edmonton