Chaque semaine, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.
Ligne verte, direction Angrignon. Nous sommes vendredi, il est 11h40.
«Avoir la pêche.» C’est une drôle d’expression que j’aime bien et que les Français utilisent souvent.
Peut-être parce que ce fruit est délicieux, parce que sa couleur est douce et qu’elle évoque quelque chose de sain et de réconfortant. Sans compter son parfum qui met de bonne humeur. Ça tombe bien puisque justement, quand on a la pêche, on est normalement plutôt en joie et très en forme.
C’est le cas de la femme d’une quarantaine d’années qui est assise en face de moi.
Elle a le gabarit de celle qui fait du sport. Son teint est lumineux, et ses joues sont roses. En plus d’une forme physique évidente, cette dame affiche un sourire harmonieux. Comme si toute sa personne flottait dans une zone de bonheur de laquelle rien ne pourrait la soustraire.
On la regarde et on a soudainement envie de sourire à notre tour… Et de se mettre sérieusement au sport. N’importe lequel, à partir du moment où ce dernier donne la pêche.
On dit souvent que les bâillements sont contagieux. Il en va de même pour le bien-être et les sourires. C’est irrésistible, un sourire. Je vous défie de ne pas répondre à quelqu’un qui vous en adresserait un.
Se sourire mutuellement, c’est un dialogue joyeux et silencieux, qui fait du bien. Des traits d’union entre nos humanités. Des perce-bulles, ces bulles dans lesquelles nous sommes trop souvent enfermés et seuls face aux tourments.
Si on décrétait que sourire est un sport national? Que l’entraînement implique de sourire à au moins deux personnes par jour? Dans la rue, dans le bus, le métro. À travers sa vitre d’auto. Même quand tout ce qui se passe sur notre terre nous donne envie du contraire.
De sourire quand même, par résistance et compassion. Pour prendre soin les uns des autres et s’aider mutuellement à traverser l’insurmontable.