Quand j’étais petit, le froid, la glace et la neige étaient synonymes de jeux, de sports et, si on était chanceux, d’un congé de l’école! Jamais il ne m’est passé par la tête de ne pas aimer l’hiver. Encore jusqu’à tout récemment je ne comprenais pas les gens qui n’aiment pas la saison blanche.
Depuis que je suis propriétaire d’un duplex et père de jeunes enfants, je comprends un peu mieux les détracteurs de l’hiver. Pelleter un toit de duplex, se rendre à la garderie lorsque les trottoirs sont praticables ni en poussette, ni en traineau et l’éternel rituel d’habiller et de déshabiller les enfants ont ralenti un peu mes ardeurs pour la saison de notre Bonhomme carnaval.
Cela étant dit, c’est encore une saison que j’adore. Les raisons sont nombreuses: le parc du Mont-Royal tout en blanc; le «crunch» de la neige en dessous de mes bottes; les pentes de ski ensoleillées; les dunes de neige qui se forment sur les voitures stationnées après la tempête; une bonne fondue avec des amis; des enfants qui glissent à toute allure; un chocolat chaud après une longue marche et, surtout, une partie de hockey dehors, un soir de semaine avec des grands, des petits, des vieux et des jeunes qui s’amusent jusqu’à l’épuisement…
J’adore jouer au hockey! Cet intérêt pour le hockey est peut-être l’un des seuls points que j’ai en commun avec Stephen Harper! Même s’il n’est pas aussi préoccupé que moi par le réchauffement climatique, il doit bien être inquiet des hivers qui se réchauffent… Et puis, peut être que non!
Selon le communicateur scientifique David Suzuki, à Brantford, en Ontario, où Wayne Gretzky – surnommé «la merveille» – a appris à jouer au hockey dans sa cour arrière, il n’est plus possible de maintenir une patinoire extérieure. C’est de plus en plus le cas, partout au pays. D’après les données d’Environnement Canada, la couverture de neige au sol à la fin de décembre a diminué de moitié depuis 15 ans dans la région de Montréal alors que les redoux hivernaux et les averses de pluie sont plus fréquents que par le passé.
C’est pourquoi, plusieurs environnementalistes* organisent une partie de hockey extérieur chaque année le 16 février. Pourquoi le 16 février? Parce que c’est l’anniversaire de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto. Cette année, ce protocole mythique a eu sept ans. Sept ans et toutes ses dents, pourrions-nous ajouter! En effet, parmi les 184 pays l’ayant signé et ratifié, comme le Canada, 183 y adhérent toujours.
183 pays sur 184 tiennent leur parole. Aussi bien dire que 99% des pays signataires demeurent fidèles à Kyoto. Le Canada est donc le seul à s’en être retiré. C’est pourquoi, lors de notre match, nous portions tous le numéro «1». Le numéro de la solitude.
Selon le professeur de droit, Daniel Turp, et l’avocat Julius Grey, ce retrait unilatéral du protocole de Kyoto par le Canada est illégal puisqu’il viole une loi édictée par notre parlement. Le duo conteste ainsi la validité du retrait par le Canada du protocole de Kyoto.
Leur action juridique reflète le souhait de la vaste majorité des Canadiens et de l’écrasante majorité des Québécois: Kyoto et l’action sur les changements climatiques sont des priorités pour eux. En ce sens, le Gouvernement Harper n’avait ni la légitimité morale, ni le droit, ni l’appui populaire pour poser ce geste.
Un rayon de soleil dans ce dossier: l’Assemblée nationale du Québec a, une fois de plus, réaffirmé à l’unanimité son adhésion complète et entière au protocole de Kyoto. Peut-être que l’an prochain, nous porterons le numéro 99; pour 99 % des pays signataires qui adhèrent toujours au protocole de Kyoto. C’est en portant ce chiffre que Gretzky a fait ses miracles. Et des miracles dans le dossier du climat, nous en avons bien besoin.
* L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), le Conseil régional de l’environnement de Montréal, ENvironnement JEUnesse, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Greenpeace, le Jour de la Terre Québec, la Maison du développement durable, Option consommateurs, OXFAM, le Réseau Action Climat, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec, Sierra Club Québec et Vivre en ville.