Environnement

Le centre de compostage fait craindre les entrepreneurs

Risques pour l’environnement, problèmes d’odeurs et projets immobiliers bloqués, l’idée de la Ville de Montréal d’aménager un centre de compostage dans Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles déplait aux propriétaires des entreprises voisines.

«Ça ne peut clairement pas totalement nous épargner. Comment un centre de compostage peut ne pas dégager de mauvaises odeurs vers ses voisins immédiats? Ce n’est pas logique», affirme d’emblée Jacques Beaudry, propriétaire de Beaudry & Cadrin, un centre de distribution alimentaire situé tout près du futur site de compostage, à l’intersection de l’autoroute 40 et du boulevard Saint-Jean-Baptiste.

Découragé, M. Beaudry estime que Montréal est allé trop vite en autorisant le projet, quelques semaines seulement après le dépôt du rapport sur la consultation publique, menée à l’automne dernier.

Ce rapport présentait certaines conditions pour rendre le projet plus viable. Entre autres, des mesures pour contrôler les risques pour l’environnement avait été mises de l’avant.

Malgré cela, Jacques Beaudry ne se dit pas très rassuré.

«Ils n’ont rien fait pour nous prouver qu’il n’y aurait pas d’odeurs. À l’intérieur de mon entrepôt, plusieurs produits comme de la farine, des biscuits et du chocolat sont particulièrement sensibles aux odeurs environnantes. Si l’odeur devient importante, mes produits vont sentir. Si mes produits sentent, ma réputation est ruinée», dénonce l’homme.

Et si l’inventaire de l’homme d’affaires était touché, il est d’avis que son entreprise n’aurait pas d’autres choix que de fermer.

«C’est 240 emplois qui seraient perdus. Pensez-y, ce serait un coup dur pour l’économie. Je ne veux pas devoir me rendre jusque-là. J’ai mis beaucoup d’années d’efforts dans cette entreprise-là, ça me décevrait beaucoup», poursuit-il, visiblement ému.

Projets immobiliers annulés
De son côté, Martin Dubois, président de Rampa Construction, a vu tous ses projets immobiliers tomber à l’eau, à la suite de l’annonce de l’arrivée du centre de compostage.

Après trois ans de négociations, l’entrepreneur avait finalement réussi, en février 2014, à obtenir des permissions de la Ville afin de faire construire trois concessionnaires automobiles, un hôtel et un restaurant A&W, sur un terrain vacant lui appartenant, tout juste à côté du site qui sera dédié au composte.

À terme, le projet de de 44 M$ devait générer plus de 200 emplois.

Finalement, ce projet ne verra jamais le jour, parce que le ministère de l’Environnement restreint les usages dans un rayon de 500 mètres du centre de compostage.

«C’est frustrant, parce que les plans étaient finis. On était prêts. Si je ne peux rien construire sur mon terrain, il ne vaut rien. C’est une immense perte pour moi», affirme M. Dubois, découragé.

Pas dans ma cours
Les deux hommes souhaitent toutefois être clairs: ils ne sont pas contre l’arrivée d’un centre de compostage dans l’arrondissement. Ils sont plutôt contre l’emplacement choisi.

«C’est certain qu’on est pour des démarches qui vont en faveur de l’environnement. Ce qui cloche, c’est l’endroit où on veut placer ce site. Un centre de biométhanisation doit être construit un peu plus à l’ouest bientôt. Pourquoi alors ne pas faire les deux projets au même endroit?», se demande Martin Dubois.

Pas de nouvelles des élus
Les deux hommes souhaitent toutefois être clairs: ils ne sont pas contre l’arrivée d’un centre de compostage dans l’arrondissement. Ils sont plutôt contre l’emplacement choisi.

«C’est certain qu’on est pour des démarches qui vont en faveur de l’environnement. Ce qui cloche, c’est l’endroit où on veut placer ce site. Un centre de biométhanisation doit être construit un peu plus à l’ouest bientôt. Pourquoi alors ne pas faire les deux projets au même endroit?», se demande Martin Dubois.

M. Dubois et Beaudry affirment avoir tenté à plusieurs reprises d’avoir ce genre de discussions avec le maire de Montréal, Denis Coderre et la mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, mais en vain.

«La dernière fois qu’on a pu les rencontrer, c’est à la fin du mois de novembre dernier. Depuis, aucune nouvelle. J’aimerais bien comprendre leur décision. Il me semble que ce serait à leur avantage de développer ce coin-là», conclut M. Dubois, appuyé par M. Beaudry.

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