Montréal

UQAM: l’injonction est renouvelée

L’injonction, qui interdit aux étudiants d’empêcher le bon déroulement des cours à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a été reconduite.

La direction de l’université montréalaise s’est présentée lundi devant le juge de la Cour supérieure, Martin Castonguay, afin de prolonger l’injonction jusqu’au 21 juillet, soit au-delà du trimestre d’été. Après quelques échanges avec les avocats de l’UQAM, le juge a décidé d’accéder à leurs demandes.

L’injonction a été accordée pour une première fois le 1er avril dernier. Dans sa demande, la direction de l’UQAM expliquait qu’elle voulait s’assurer que les étudiants qui ne participent pas au mouvement de grève sociale puissent suivre leurs cours, comme à leur habitude. Cinq associations étudiantes étaient visées par la procédure, ainsi que le Syndicat des étudiants employés de l’UQAM et «toute personne se trouvant à proximité immédiate (…) des pavillons ou immeubles de l’UQAM».

Au moment où la demande de prolongation de l’injonction était débattue au Palais de justice de Montréal, un groupe de manifestants masqués, tout de noir vêtus, ont perturbé les cours à l’UQAM. Devant un local du pavillon J.-A. de Sève, où des étudiants sont demeurés assis malgré la levée de cours, ils ont tapé sur des bacs de récupération et ils ont fait résonner une sirène devant une horde de gardiens de sécurité.

La chargée de cours en sociologie, Sandrine Ricci, observait de près les actions étudiantes dans le pavillon J.-A. de Sève. «C’est préoccupant de voir que des profs se crispent et veulent donner leur cours malgré tout», a-t-elle dit.

Mme Ricci fait partie du regroupement de professeurs et d’étudiants qui condamnent la gestion de la direction de l’UQAM depuis le début de la grève étudiante et qui réclame la démission du recteur Robert Proulx. Elle s’inquiète de l’issue que connaîtra ce conflit.

Ces préoccupations étaient partagées par deux étudiantes militantes rencontrées par Métro. Elles jugeaient démesurées les moyens utilisés par l’administration pour assurer la sécurité à l’université. Elles affirmaient vouloir simplement manifester leurs opinions sur les mesures d’austérité du gouvernement Couillard, les projets d’hydrocarbures et les menaces d’expulsion à l’UQAM.

«On manifeste, on se fait attaquer par des policiers et on se fait battre, a rapporté l’une des étudiantes qui est membre de l’Association facultaire étudiante de sciences humaines et qui a voulu préserver son anonymat. C’est comme si tu allais trop vite en char et que la police t’arrêtait et que, au lieu de te donner un ticket, elle te prenait pas les cheveux et te cassait les palettes. Il y une nuance de mesures avant cela.»

Sa collègue craignait pour sa part que le conflit fasse en sorte que les étudiants soient traités différemment, qu’ils soient en faveur de la grève sociale ou contre. Elle donnait l’exemple de services psychologiques qui ont été offerts aux étudiants dont les cours ont pris fin subitement à plusieurs reprises. «Pour nous aussi, c’est vraiment difficile», a-t-elle lancé, en évoquant la violence et l’intimidation qu’elle avait subies.

La présidente du conseil d’administration de l’UQAM, Lise Bissonnette, a indiqué dans une lettre ouverte publiée lundi qu’elle appuyait les décisions du recteur Robert Proulx prises depuis le début du conflit étudiant.

«Les décisions et actions du rectorat ont été d’une extrême patience puisque le vandalisme et l’intimidation n’en sont pas à leur première saison entre certains de nos murs, a écrit l’administratrice et ancienne journaliste. Pour peu aimables qu’elles soient, les procédures disciplinaires, l’injonction demandée et obtenue étaient non seulement conformes au droit mais courageuses.»

Un groupe de 184 professeurs de l’UQAM ont aussi approuvé les décisions de l’administration, particulièrement en ce qui concerne le recours aux forces policières le soir du saccage au pavillon J.-A. de Sève, mercredi dernier.

«Si la décision de l’administration d’en appeler aux forces policières peut paraître exagérée pour certains, une absence d’intervention l’aurait été encore davantage», ont-il écrit dans une lettre ouverte. Ils se sont dissociés du même coup de leur syndicat qui est opposé à la présence policière entre les murs de l’université et qui appuie «sans discernement» selon eux les actions étudiantes.

Vendredi dernier, la présidente du Syndicat des professeurs de l’UQAM, Michèle Nevert, a lancé un appel au dialogue pour mettre fin à la crise qui secoue l’université en ce moment. Elle a fait partie du contingent de professeurs, de chargés de cours et d’étudiants qui avaient demandé deux jours plus tôt «un geste d’ouverture» à la direction, soit la fin de l’injonction, l’arrêt des procédures d’expulsion et la promesse que les policiers ne seront plus appelés à intervenir à l’UQAM. Puisque la direction n’a pas répondu positivement à ces demandes, le syndicat des professeurs s’est tourné vers les directeurs de département pour réclamer un «espace de dialogue» au rectorat.

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