Montréal

Hors du commun: Les guides

Chaque semaine, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne orange, direction Montmorency. Nous sommes vendredi, il est environ 10h.

J’ai un bon ami qui, cette année, avec son amoureuse, entraîne une petite chienne pour la fondation Mira. Je les salue affectueusement au passage.

La porte du wagon s’ouvre. Ils sont là. Étendus docilement aux pieds de leurs maîtres respectifs. Totalement calmes, ils ne ferment pas l’œil une seule seconde pour autant. Ce qui est bien légitime, puisque leur rôle est justement «d’être» le regard de cette femme et de cet homme non-voyants.

Il est frappant de constater à quel point ces deux bêtes superbes imposent le respect tout en inspirant la confiance. L’homme et la femme caressent leurs complices canins avec une grande douceur. Et nous, passagers, qui avons la chance d’assister à cette scène, ne pouvons détacher notre attention de ce quatuor magnétique.

Le chien de la dame semble être un Labernois; un croisement entre un labrador et un bouvier bernois, tacheté de noir et de blanc. Celui de monsieur, lui, est un franc bouvier bernois.

Ce qui est palpable en cet instant, c’est la bienveillance qui domine entre ces quatre spécimens. Ils sont liés par une confiance mutuelle, par une dévotion totale et par de l’amour pur. Oui! De l’amour, qui est au-delà de l’affection. On sent que ces humains aiment profondément leurs chiens, et que ces derniers le leur rendent bien. Certains diront que les animaux ne peuvent éprouver ce genre d’émotion. Il serait franchement rabat-joie de stationner cet argument au cœur d’une scène aussi touchante. Alors, par respect pour la beauté du moment, nous dirons que c’est un autre débat. Nous sommes donc, ici, en présence de la rencontre entre l’homme et la bête dans ce qu’elle a de plus noble et de plus mystérieux. Il est vrai que les liens qui les unissent découlent notamment d’un travail d’entraînement extrêmement rigoureux.

Et, comme on le sait: ne devient pas chien guide qui le veut.

Mais au-delà de la formation et de la sélection, il y a cet engagement, cet instinct, cette dévotion. Un attachement spectaculaire.

Je me dis un instant que l’humanité au grand complet gagnerait certainement à observer pendant plusieurs heures la manière dont se comportent des chiens guides et leurs maîtres. Je suis certaine que nous en sortirions tous éclairés et inspirés.

Je n’ai malheureusement pas pu voir cette micro-meute se mouvoir, car je suis descendue avant elle. J’ai alors imaginé la suite de leur journée, jusqu’au soir venu. Moment où les paupières du couple se sont fermées pour la nuit, ainsi que celles de leurs guides… mais pas complètement.

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