Le fondateur de l’organisme Project for Public Spaces (Projet pour des espaces publics, ou PPS), Fred Kent, est sans équivoque: il faut permettre à la communauté de planifier les espaces publics d’une ville, plutôt que de lui imposer un design conçu par des architectes et des ingénieurs. Métro s’est entretenu avec M. Kent, qui sera au Centre d’écologie urbaine de Montréal (CÉUM) jeudi soir et vendredi.
Vous appelez votre approche le «placemaking» (création d’espaces). De quoi s’agit-il exactement?
C’est un développement urbain beaucoup plus axé sur la participation citoyenne que ce qui se fait habituellement. Nous voulons nous éloigner du «Top-Down» (du haut vers le bas) pour aller vers une approche plus communautaire.
Plutôt que d’adopter de gros projets de type «remède miracle», nous proposons de miser sur la création d’espaces. Plutôt que de dire «nous allons bâtir un parc», nous voulons dire «nous allons créer un espace de rencontre pour les gens».
Qu’entendez-vous par «remède miracle»?
Un politicien arrive, remarque un problème et veut agir rapidement. Il va donc aller voir les professionnels, les ingénieurs, les architectes, les experts en transports, etc., et leur demande de trouver la bonne solution.
Ces projets sont toujours des échecs parce qu’ils ne tiennent pas compte des besoins de la communauté. Celle-ci a invariablement une vision plus globale de ce qui doit être fait, alors que les professionnels voient le problème seulement en termes de leur spécialité, en silo.
Par exemple, si on amène des gens à une intersection et qu’on leur demande ce qu’ils veulent, ils ne regarderont pas l’intersection seulement du point de vue de la circulation. Ils vont plutôt nous dire comment ils traverseraient la rue, ou décrire ce qui serait le plus sécuritaire pour leurs enfants. Ce sont des enjeux cruciaux.
Comment favorisez-vous le placemaking?
En faisant de petites interventions susceptibles de donner aux gens une idée de ce qui serait possible. Ça se met en place très rapidement et ça leur donne des pistes qui peuvent éventuellement mener à un résultat proche de la vision de la communauté.
Par exemple, à Détroit, on a créé une plage en amenant du sable dans un quartier abandonné en 2013, l’année où la Ville de Détroit a déclaré faillite. C’était un projet assez simple de 1M$, qu’on a conçu en avril et mis en place en juin. Ça a très bien fonctionné! [NDLR: Le projet a été reconduit en 2014 et en 2015.]
On ne perd pas de temps à faire toutes sortes d’études. On fait quelque chose, et en le faisant, on voit ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. On fait des erreurs, mais c’est bien correct parce que c’est comme ça qu’on apprend.
En fait, c’est une question de gros bon sens. Les communautés n’ont pas besoin d’une super star pour leur dire quoi faire. La solution est là, et les gens de la communauté la connaissent déjà; on a juste à la leur demander, de la bonne façon.
Événements
Le CÉUM profitera du passage de Fred Kent jeudi pour lancer son guide sur l’urbanisme participatif.
Vendredi matin, M. Kent animera un atelier professionnel sur cette question.