Comme le disent les animateurs pendant les soirées électorales: «si la tendance se maintient, lundi, le15 juin 2015, à 20h45, nous prévoyons… un monde sans carbone d’ici 2050». Je vous l’annonce officiellement, venez me voir en 2050, je vous paierai le champagne! Les dinosaures du carbone vont se battre jusqu’à la fin, ils vont gagner encore quelques comtés par surprise, ils vont nous donner de la sueur au front et ils vont contester nos victoires… Mais comme au lendemain des soirées électorales, on va courir devant nos écrans pour lire les nouvelles à la une de tous les sites web et le résultat sera celui que les animateurs avaient prédit. La fin des énergies fossiles a été annoncée et cette fois, c’est la bonne.
Les animateurs à la télévision prévoient quel parti formera le gouvernement et s’il s’agira d’un gouvernement minoritaire ou majoritaire. Ils ne font pas de prédiction sur le nombre de sièges qu’obtiendra chaque parti.
De la même façon, je ne peux prédire si la planète atteindra la neutralité carbone en 2050, 2045 ou 2065. Ce qui est clair, c’est que les États-Unis, l’Europe et les Nations unies visent 2050. En fait, n’eut été du Canada et du Japon, les pays du G-7 l’aurait annoncé la semaine dernière. Ils ont plutôt opté pour 2100, mais 5 pays sur 7 demandaient 2050.
Le débat n’est plus de savoir si les changements climatiques existent. Tous l’admettent désormais. Le débat n’est plus si l’on doit réduire à zéro nos émissions de gaz à effet de serre. Le débat n’est même plus s’il est possible d’éliminer les énergies fossiles. La popularité croissante de l’éolien, du solaire, des voitures et des batteries électriques le confirme. Le seul débat qui subsiste est maintenant, en combien de temps devons nous décarboniser notre économie.
J’ai passé 3 jours la semaine dernière avec des experts en énergie et en économie du Canada anglais. Habituellement conservateurs, nos amis du ROC (Rest of Canada) étaient unanimes à dire qu’une économie sobre en carbone était non seulement un impératif écologique mais aussi, et de plus en plus, un élément crucial de n’importe quelle stratégie de développement économique.
Le prix de l’électricité produite à partir du soleil et du vent continue de baisser et se mesure maintenant à celle produite à partir des énergies fossiles. Les voitures électriques gagnent en autonomie à chaque année et leur déploiement à très grande échelle devient inévitable.
En 2014, pour la première fois depuis 40 ans, les émissions de gaz à effet de serre se sont stabilisées en dépit de la croissance économique. Bref, on a produit plus de richesse en polluant moins!
Par ailleurs, il devient de plus en plus évident que les entreprises qui ont des investissements importants dans les énergies fossiles feront face à l’éclatement de ce que certains nomment «la bulle du carbone». En effet, les politiques et les nouvelles technologies vertes feront perdre de la valeur aux réserves de charbon, de pétrole et de gaz naturel. Un réajustement de la valeur réelle de ces entreprises serait donc à prévoir.
La table est donc mise pour qu’une entente ambitieuse soit adoptée à Paris en décembre prochain. Mais peu importe le contenu de cette entente, il est d’ores et déjà évident que la course vers la nouvelle économie est lancée. Ceux qui attendent que la «bulle du pétrole» sale et du charbon explose avant de commencer à courir ne pourront pas rattraper les autres.
Le gouvernement fédéral risque de faire partie de ceux-là. En fait, pour l’instant le Canada recule et s’éloigne même de la ligne de départ! Certaines provinces ont débuté la course, mais à un rythme très modeste. Il faudra accélérer le pas si l’on souhaite, à tous le moins, rester dans le peloton de la moyenne!