En 2070, 70 % de la population vivra en ville. Elle sera vieillissante, devra faire face aux changements climatiques qui mettront à mal les infrastructures et sera obligée de trouver des solutions à la pollution atmosphérique, qui est responsable de la mort prématurée de trois millions de personnes par an.
Face à ces constats, «on n’a pas le choix de prendre la voie du transport intelligent», selon l’expert d’IBM Jean-François Barsoum, qui était l’invité de l’Incubateur montréalais InnoCité MTL, la semaine dernière, pour un colloque sur la question. Voici quelques idées fortes de sa présentation.
S’inspirer d’Istanbul
Plus vous construirez des routes et des ponts, plus vous augmenterez la circulation en ville. C’est le paradoxe Downs Thomson. «Pour réduire le trafic responsable de 40 % des émissions de GES, il faudrait donc en théorie diminuer le nombre d’infrastructures, mais aucun élu ne veut s’y risquer. L’objectif plus réaliste est de diminuer les pics de circulation de l’heure de pointe, et la meilleure solution reste le transport en commun», ajoute l’expert en mentionnant le cas d’Istanbul. La ville turque a documenté, grâce à la géolocalisation par téléphone cellulaire, les grands flux quotidiens des voyageurs, incluant les automobilistes. Elle a ensuite superposé la carte de son réseau de transport en commun pour voir sur quels axes améliorer le service ou redessiner les trajets pour convaincre les automobilistes de délaisser leur auto.
Copier l’Oregon
Épier la Finlande
Regarder en avant
La voiture sans chauffeur fait-elle partie de la solution? Oui, croit M. Barsoum. D’abord parce qu’elle sera équipée de capteurs permettant de faire circuler deux fois plus d’autos, tout en diminuant les risques d’accident. Comme les autos seront plus souvent partagées, elles resteront plus souvent en mouvement, et les besoins de stationnement sur rue deviendront nettement moins nécessaires, de même que le métier de chauffeur de taxi. «Dans aussi peu que 10 ans, il n’y aura plus de chauffeur Uber, si l’entreprise existe encore», indique l’expert d’IBM. L’arrivée prochaine de ces véhicules nécessitera, par exemple, l’utilisation d’une peinture de marquage au sol plus résistante, sachant qu’elle servira au guidage des voitures, ou encore une réévaluation de la largeur des voies de circulation, souligne M. Barsoum. Ces facteurs ne sont pas évoqués par les décideurs publics, notamment dans le cas des grands chantiers comme le pont Champlain et l’échangeur Turcot, note-t-il.