Montréal

Dans la boue en fauteuil roulant

 

Quatre personnes de la région de Montréal participeront ce dimanche et en juillet à deux courses à obstacles extrêmes… en fauteuil roulant et sur le dos de bénévoles.

André Bougie a une malformation de la moelle épinière et les deux jambes amputées. Cela ne l’a pas empêché de parcourir l’an dernier 8 km et de surmonter 40 obstacles, dont plusieurs dans la boue, dans le cadre de la Dead End Race au Mont Habitant. Il l’a fait en six heures à bord d’un fauteuil roulant adapté, avec l’aide de cinq bénévoles.

«Quand je croyais être capable de passer les obstacles moi-même, j’essayais. Sinon, les accompagnateurs me portaient assistance, a raconté le sportif. Pour gravir une palissade de 15 pieds, j’ai dû grimper sur une pyramide de gens.»

M. Bougie fait encore partie cette année de l’équipe du défi Mudwheels, organisé par le Centre d’intégration à la vie active (CIVA), qui en est à sa deuxième édition. Cette fois-ci, il fera presque entièrement la Spartan Race sur le dos de deux bénévoles avides d’exploits. Il est heureux de refaire ce défi qui lui a donné un grand sentiment d’accomplissement.

«C’était très épuisant physiquement. J’ai dû passer par dessus la douleur quand mes épaules, qui sont blessées, travaillaient beaucoup», a confié celui qui est en excellente forme, poussant quotidiennement sans problème la poussette de ses enfants en bas âge tout en faisant avancer manuellement son fauteuil.

«J’ai hâte. J’aime les activités physiques qui se font dehors et je ne pourrais pas faire cette course tout seul.» –Francis Vallée, 25 ans, paraplégique, qui joue au basketball toutes les semaines et qui participera dimanche à la Dead End Race à Sainte-Béatrix

Les accompagnateurs, qui sont pour la plupart des habitués des courses à obstacles, apprécient pour leur part le défi supplémentaire et l’expérience humaine. «C’est très fort en émotions, a remarqué Mathieu Drugeon, qui coordonne l’équipe de bénévoles en plus d’en être un lui-même. L’an dernier, beaucoup de gens étaient en pleurs à la fin. Il se développe des liens très fort au sein de l’équipe. Beaucoup d’entre eux ont développé un regard différent sur le handicap entre le début et la fin de la course.»

L’exploit de M. Bougie et ses compagnons permet également de changer la perception des autres coureurs et de la population en général à l’égard des handicaps, estime M. Drugeon. «Ça a suscité l’admiration et l’encouragement sur le parcours. Les gens se rendent compte qu’il faut beaucoup de détermination pour le compléter en fauteuil et que les personnes handicapées ont plus de potentiel que ce que la société veut leur faire croire en les mettant dans une case», a exprimé le kinésiologue.

Le défi Mudwheels sert également à amasser des dons pour les activités du CIVA, qui offre une multitude d’activités physiques et sociales pour les personnes handicapées. Ils recueillent présentement les dons sur leur site internet.

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