MONTRÉAL — Le gouvernement du Québec annonce une série de mesures additionnelles pour en savoir davantage sur les allégations de fabrication de preuve touchant le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
En conférence de presse à Montréal, vendredi après-midi, le ministre de la Sécurité publique du Québec, Martin Coiteux, a dit avoir agi «immédiatement» après avoir été informé de nouvelles allégations de pratiques «graves» au SPVM, jeudi soir.
M. Coiteux n’a pas révélé de détails sur ces «nouveaux éléments», mais il a signifié qu’il y avait plusieurs cas et que ceux-ci s’avéraient beaucoup plus «complexes».
Cette semaine, d’anciens policiers ont accusé des collègues d’avoir fabriqué de la preuve contre eux afin de les empêcher de dévoiler des allégations de corruption au sein du SPVM, a révélé cette semaine un reportage de TVA.
«Quand on a commencé à prendre les premières décisions là-dessus, on ne parlait que de trois cas. Ça augmente. Ça augmente de façon suffisamment importante pour que ça justifie les mesures que j’annonce aujourd’hui», a expliqué M. Coiteux.
Se disant très préoccupé par la situation, M. Coiteux a annoncé que d’autres corps de police (Québec, Longueuil et Gatineau) se joindront à la Sûreté du Québec (SQ), qui codirigera l’enquête avec la directrice du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), Madeleine Giauque.
L’opposition à Québec demandait au gouvernement Couillard de remettre l’entière responsabilité au BEI, mais M. Coiteux a tenu à souligner que cette «jeune» organisation avait déjà plusieurs dossiers à régler et qu’elle dispose de ressources limitées.
M. Coiteux a toutefois ouvert la porte à amender le projet de loi 107, qui porte sur le BEI, pour que des enquêtes sur «certains types d’allégations» lui soient automatiquement confiées.
«Il ne s’agit en aucun cas d’un désaveu du BEI», a-t-il assuré.
Le ministre a aussi annoncé que le SPVM fera l’objet d’une enquête administrative plus globale sur ses pratiques notamment en matière d’enquête interne. Le commissaire responsable de l’enquête sera nommé ultérieurement.
Le chef du SPVM, Philippe Pichet, devra d’ailleurs remettre prochainement un rapport au ministre pour lui dire ce qu’il prévoit faire pour faire cesser l’hémorragie dans son organisation.
Le ministre a refusé de répondre directement lorsqu’un journaliste lui a demandé de réitérer sa confiance envers M. Pichet.
«C’est important de faire la lumière. C’est important d’aller au-delà de ce que nous entendons et au-delà des allégations. Il faut aller sur place, vérifier ce qui se passe, après ça on tirera nos conclusions», a-t-il soutenu.
Sur son compte Twitter, Philippe Pichet a écrit qu’il offrirait «sa pleine collaboration» au commissaire que nommera le ministre Coiteux.
Le maire de Montréal satisfait
En point de presse en fin de journée, le maire de la métropole, Denis Coderre, s’est dit «tout à fait en accord» avec les mesures annoncées par le ministre.
«Il semble qu’il y a des affaires qui se passent (sur le plan) des enquêtes internes. Il a un pouvoir, une capacité. Action, réaction. C’est de cette façon qu’il a agi et on l’appuie», a-t-il déclaré.
M. Coderre a affirmé qu’il était «tout à fait normal de donner toute la confiance» au chef du SPVM, Philippe Pichet, pour l’instant.
«Quand on aura les résultats de tout ça, il y aura des gestes de posés», a-t-il souligné.
«On va réagir en conséquence, mais on va s’assurer que les choses vont se faire de façon factuelle. On ne fera d’amalgame. On mérite de savoir ce qui s’est passé», a-t-il ajouté.