OTTAWA — Netflix s’est bien joué du gouvernement libéral en concluant une entente qui prévoit des investissements financés en grande partie par la hausse du prix des abonnements au Canada, a pesté vendredi le Nouveau Parti démocratique (NPD).
Les néo-démocrates ont questionné vendredi les libéraux au sujet de l’accord dévoilé la veille par la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, en vertu duquel Netflix s’engage à investir au moins 500 millions $ sur cinq ans pour produire du contenu canadien.
Or, l’annonce survient quelques jours après que le géant américain de la diffusion en ligne a haussé le prix mensuel de son abonnement au Canada, ce qui lui permettra d’engranger annuellement des dizaines de millions de dollars, a soulevé la députée Rachel Blaney.
L’entreprise californienne a commencé à appliquer cette semaine une augmentation mensuelle d’un dollar par mois, faisant passer le service de base de 7,99 $ à 8,99 $. La société a indiqué jeudi ne pas être en mesure de dire combien de ses 104 millions d’abonnés étaient au Canada.
Selon des chiffres fournis à La Presse canadienne par le Solutions Research Group, le géant américain comptait 5,9 millions d’abonnés canadiens à l’été 2017. C’est donc dire qu’avec les hausses de tarifs imposées à ses adhérents au Canada,Netflix s’enrichirait d’environ 70 millions $ par an.
«La ministre du Patrimoine s’est vantée d’avoir signé une bonne entente en obtenant 100 millions $ par an», mais comme une bonne partie du montant «vient directement des poches des Canadiens», elle devrait «admettre que les Canadiens se sont fait avoir», a lancé Mme Blaney.
«C’est un très beau coup de relations publiques pour Netflix, qui conservera son avantage injuste sur le marché. Une entente fantastique pour Netflix, mais qu’avons-nous obtenu en retour?», a demandé la députée néo-démocrate.
Dans les banquettes en face, le secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, Sean Casey, a soutenu que l’entente était une «bonne nouvelle» et qu’elle constitue un «énorme, énorme vote de confiance» de Netflix envers le milieu culturel canadien.
«Cette entente avec Netflix en dit beaucoup sur la vigueur de l’industrie de la création ici au Canada. On parle d’un joueur mondial qui, pour la première fois, a investi à l’extérieur des États-Unis, et il a choisi le Canada», a-t-il répliqué.
«Les Canadiens aiment Netflix. Netflix aime l’industrie créative canadienne. C’est gagnant-gagnant pour le Canada, c’est gagnant-gagnant pour les consommateurs, c’est gagnant-gagnant pour nos créateurs. C’est une bonne nouvelle», a poursuivi M. Casey.
Un porte-parole de la société américaine, Bao-Viet Nguyen, a assuré jeudi en entrevue à La Presse canadienne qu’il n’y avait «absolument aucun lien entre l’ajustement de prix (de l’abonnement) et l’investissement» qui a été annoncé par la ministre Joly.