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«Jour de merde»: le plaisir de jouer les méchants 

Réal Bossé et Ève Ringuette tiennent la vedette dans le film «Jour de merde» de Kevin T. Landry. Photo: Gracieuseté, K-Films Amérique

Le lauréat du prix Gilles-Carle pour le meilleur premier film, Jour de merde, sera en salle à partir du 24 mars. Entre la comédie et le thriller, cette réalisation de Kevin T. Landry est un autre exemple de l’influence de plus en plus grande du cinéma de genre sur les productions québécoises actuelles. 

En effet, après Viking, Mistral spatial ou encore Frontières, voici un autre film québécois qui flirte avec différents genres cinématographiques. Présenté comme une comédie noire, Jour de merde vogue habilement entre un humour décalé à la Fargo des frères Coen et un portrait angoissant d’une famille de désaxés à la Texas Chainsaw Massacre, mais en moins violent. 

Maude (Ève Ringuette), une mère monoparentale, n’est respectée ni par son ex-mari ni par sa patronne ni par son propre fils. Réalisant des entrevues avec les gagnants de Loto-Gold, la jeune femme est envoyée au fin fond des bois pour interviewer un étrange ermite nouvellement millionnaire qui lui fera passer un Jour de merde

Du déclin au Jour de merde 

Ce reclus aux tendances psychopathes est incarné par Réal Bossé, à l’instar du survivaliste dans Jusqu’au déclin de Patrice Laliberté. C’est d’ailleurs en voyant le film Netflix que Kevin T. Landry a été convaincu que le rôle était fait sur mesure pour le comédien. 

«Dès le développement, le nom de Réal Bossé était sur la table, raconte le réalisateur. Mais ça m’a pris Jusqu’au déclin pour vraiment voir le côté psychopathe dont j’avais besoin pour le personnage. Il y a une scène en particulier, lorsqu’il se fâche à cause de la surutilisation de l’eau, qui a fait un déclic dans ma tête.» 

«J’adore les psychopathes, renchérit Réal Bossé. Ce sont des personnages super intéressants, les laissés-pour-compte, les gens troublés, j’adore jouer ça! Je dis à la blague: « donnez-moi tout ce qui est méchant, ça va me faire plaisir de les jouer ».» 

Bienveillance, malgré tout 

Si le personnage incarné par Réal Bossé est effectivement le méchant de prime d’abord, une certaine vulnérabilité se dégage de lui lorsque ses sœurs, interprétées par Valérie Blais et Isabelle Giroux, interviennent dans l’histoire. Une fois le trio réuni, la situation ne fera que dégénérer dans les larmes et le sang. 

C’est lors des auditions que Kevin T. Landry a porté son dévolu sur Isabelle Giroux. «J’ai été jeté sur le cul par la candeur qu’elle a amenée au personnage et l’espèce de bienveillance qui n’étaient pas présentes à l’écriture», exprime-t-il.  

À l’origine plus nerveux et en retrait, le personnage a ainsi été bonifié par l’interprétation d’Isabelle Giroux, une actrice qui a indéniablement le tour pour être drôle et sympathique. 

Réagissant positivement aux propos du réalisateur, la comédienne explique qu’elle aime ajouter des couches à ses personnages. 

«J’essaie de penser le plus purement possible comment mon personnage vivrait telle ou telle situation», explique-t-elle. «Ce que fait cette famille dans Jour de merde, c’est pas beau. Mais comment je fais, moi, pour penser que c’est correct? Je ne peux pas la juger, donc j’ai apporté une petite naïveté par rapport à tout ce qu’elle fait», ajoute la comédienne en rigolant. 

Valérie Blais et Isabelle Giroux, les drôles de sœur de Gaétan. Photo: Gracieuseté, K-Films Amérique

Un prix mérité 

Lors de la dernière édition des Rendez-vous Québec Cinéma (RCQC), le film Jour de merde a été récompensé du prix Gilles-Carle. Kevin T. Landry avoue que cette récompense l’a pris au dépourvu.  

Si l’efficacité du suspense et le ton humoristique du film ont plu au jury, l’une des membres, Micheline Lanctôt, a également été particulièrement impressionnée par la performance d’Ève Ringuette, raconte le réalisateur. 

Ève Ringuette – qui, comme son personnage, est d’origine innue – est très heureuse que le film reçoive ce prix et est flattée par les bons mots de Micheline Lanctôt. 

«Je m’en suis vantée à toute ma famille, mes amis, mon mari, raconte la comédienne. J’étais vraiment touchée. Je ne m’attendais pas à ça et je suis contente.» 

Concernant son rôle, Ève Ringuette (Mesnak, Le Dep) explique qu’elle a beaucoup aimé la drive de cette mère monoparentale. «La panoplie d’émotions qu’il y a chez ce personnage est venue me chercher. Je voulais relever ce défi et tester mes capacités.»  

Une rencontre avec toute l’équipe du film est prévue le 24 mars à 19h dans le cadre d’une projection au Cinéma Beaubien. 

Après avoir réalisé deux courts métrages (Kakatshat et Libérés) dans sa communauté située dans la Côte-Nord, Ève Ringuette travaille actuellement sur le scénario d’un long métrage d’horreur inspiré d’une légende innue. 

«J’adore vraiment l’horreur, s’exclame la comédienne. C’est un beau médium pour que les jeunes s’intéressent à nos légendes, aux histoires de nos communautés.» 

Cette démarche fait indéniablement penser à celle de Jeff Barnaby, un cinéaste originaire d’une communauté Mi’gmaq de la Gaspésie décédé en octobre dernier qui a réalisé des longs métrages horrifiques. 

«C’est un modèle à suivre», soutient Ève Ringuette. 

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