Alors que les femmes représentent 29,6% des élus à l’Assemblée nationale, l’ancienne députée libérale Yolande James, l’ex première ministre du Québec Pauline Marois et la journaliste Pascale Navarro ont vivement débattu de la nécessité de légiférer pour atteindre la parité en politique, dimanche soir sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP).
«Dans les 130 pays qui ont adopté certaines mesures [pour mieux représenter les femmes], il y en a seulement 10 qui sont dans la zone paritaire», a lancé d’emblée la première première ministre du Québec. Et si la province était classée, elle ne ferait pas partie du top 10. «On veut s’assurer que la moitié de l’humanité soit présente dans les institutions politiques, a-t-elle continué. On peut faire la différence, c’est pour ça qu’on veut être là.»
«La journée où tu es assermentée ministre, ça devrait être la plus belle journée de ta vie politique, a partagé la commentatrice politique Yolande James. [Mais pour moi], c’était la plus stressante.» Parce qu’elle était une jeune femme noire, l’ancienne politicienne craignait que son entrée en poste ne soit attribuée qu’au fait qu’elle fasse partie d’une minorité visible. «Ça m’a freinée pendant un certain temps, a-t-elle admis. Mais un moment donné, je me suis dit: « Je suis là, je la mérite, la place. J’ai l’expérience. »»
Si les trois intervenantes s’entendent sur l’importance capitale de voir les femmes bien représentées au gouvernement, c’est la question du recours à une loi pour y arriver qui a suscité une discussion plutôt animée.
Plus tôt ce mois-ci, le groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD), dont fait partie Mme Navarro, a remis aux différents chefs des partis politiques québécois une proposition de projet de loi demandant aux leaders politiques de présenter au moins 40% de candidates féminines aux élections de 2022, puis 45% aux élections de 2026. «On ne peut pas réserver des sièges [à l’Assemblée nationale] pour les femmes, il n’en n’est pas question. Donc, c’est lors des candidatures qu’on doit présenter plus de femmes», a déclaré la journaliste.
Mme Marois s’est opposée à l’idée de légiférer. «Ça devrait être sur une base volontaire», a-t-elle répondu, en ajoutant que les têtes de parti devraient rendre des comptes au Directeur général des élections du Québec. Elle a toutefois dit partager l’opinion de son interlocutrice à propos du rôle important du recrutement des femmes. «Si on a plus de femmes candidates, on risque d’avoir plus de femmes élues», a-t-elle avancé.
«Légiférer fait que tout le monde a sur ses épaules le poids de l’égalité, pas juste les femmes. La politique échoue si elle n’est pas capable d’intégrer les femmes dans la démocratie», a renchéri Pascale Navarro.
Et si Mme James s’est aussi montrée en faveur de l’initiative volontaire, ses conclusions sont les mêmes que ses collègues: la parité ne peut pas être atteinte si les efforts pour recruter les femmes sont déployés à la dernière minute. «On ne peut pas attendre à six mois des élections pour recruter des femmes», a-t-elle déclaré.