OTTAWA – La superficie de la couverture glaciaire dans l’Arctique a atteint un nouveau plancher, subissant sa plus importante fonte de l’histoire récente.
Selon des scientifiques, la fonte estivale a atteint un paroxysme, mercredi, et commencera désormais à s’inverser avec l’arrivée du temps froid.
La vitesse et l’ampleur de la fonte cette année a cependant poussé les chercheurs à revoir leurs projections pour des étés sans glace et pour le réchauffement climatique en général.
À la mi-septembre, la glace dans l’Arctique couvrait 3,4 millions de kilomètres carrés, en forte baisse par rapport au niveau plancher record précédent de 2007, lorsque la superficie avait été mesurée à 4,17 millions de kilomètres carrés, a rapporté le U.S. National Snow and Ice Data Centre.
Lors d’un voyage d’observation à bord d’un navire de Greenpeace dans l’océan Arctique au nord du Groenland, Julienne Stroeve, une scientifique de l’agence américaine, a dit s’être fortement inquiétée par des constatations directes laissant croire que les images satellites ont sous-estimé la vitesse de la fonte.
«Ce qui m’a surprise, c’est la quantité d’eau libre que je pouvais observer. Et à quel point les glaces étaient de petite taille. Nous avons cherché des blocs d’au moins 100 mètres de long ou de large, mais nous n’en avons trouvé que très peu. Cela me surprend. Ils se sont vraiment morcelés», a-t-elle déclaré.
Les eaux libérées des glaces et les plaques de glaces plus minces absorbent davantage de chaleur du soleil que la glace blanche. Ce phénomène accélère le réchauffement climatique dans le cadre d’un procédé pratiquement impossible à inverser.
Mme Stroeve estime désormais que l’Arctique sera libre de toute glace durant l’été des années 2030, contrairement à d’autres estimations qui avancent plutôt la date de 2050.
Dans l’Arctique canadien, des chercheurs gouvernementaux disent eux aussi avoir observé une couverture glaciaire historiquement basse cet été.
En utilisant des données satellites, la prévisionniste Trudy Wohlleben du Service canadien des glaces a découvert que seulement 12 pour cent de la région étaient gelés cet été, comparativement à la normale de 30 ou 35 pour cent.
La couverture glaciaire estivale est de loin à son plus bas, depuis le début des mesures enregistrées, en 1971, a souligné Mme Wohlleben.
«L’annonce d’aujourd’hui constitue un moment important de l’histoire de l’humanité», a affirmé le directeur général de Greenpeace International Kumi Naidoo.
«J’espère de tout cœur que la jeune génération se rappellera de ce jour comme un point tournant où un nouvel esprit de coopération a pris forme pour relever le défi climatique. Le passage des combustibles fossiles aux énergies propres a d’ores et déjà commencé, mais la question est de savoir si nous pourrons terminer le travail avant qu’il ne soit trop tard», a-t-il ajouté.