OTTAWA — Québec n’a jamais encaissé le chèque de 36M$ qu’Ottawa lui avait offert pour compenser les coûts générés par l’accueil des demandeurs d’asile en 2017.
«On n’a pas pu arriver à une entente, alors on continue ces discussions avec le nouveau gouvernement», a affirmé le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, en entrevue mercredi. Celui-ci préside depuis octobre le groupe de travail mis sur pied par Ottawa en 2017 pour gérer l’afflux de migrants irrégulier à la frontière.
Cette nouvelle survient la veille d’une rencontre entre M. LeBlanc et le ministre québécois de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, où il sera question de l’argent réclamé par Québec. Il s’agit d’une deuxième rencontre entre les deux hommes en un peu plus d’une semaine.
En fait, l’argent annoncé en juin n’a jamais été transféré, selon l’attaché de presse du ministre fédéral de l’Immigration Ahmed Hussen, Mathieu Genest, parce que le gouvernement québécois n’en aurait pas voulu.
Une source près des négociations entre les deux gouvernements a confirmé cette information de façon confidentielle tout en apportant une nuance. Québec était prêt à accepter l’enveloppe de 36M$ qui devait couvrir les frais d’hébergement temporaire des migrants, mais demandait à Ottawa de s’engager à poursuivre les discussions pour le remboursement des 146M$ exigés pour 2017 et pour les frais anticipés des années subséquentes. Le gouvernement fédéral aurait refusé de s’engager par écrit dans l’entente de financement. Les négociations se sont donc poursuivies jusqu’au déclenchement de la campagne électorale québécoise, en août.
Elles ont repris depuis avec le nouveau gouvernement caquiste. L’attaché de presse du ministre Jolin-Barrette, Marc-André Gosselin, n’a pas voulu préciser si le montant exigé par Québec était toujours le même. «(…) On est sur le principe de la reconnaissance que la situation engendre des coûts importants pour le Québec», a-t-il répondu par courriel.
Le ministre LeBlanc semblait ouvert mercredi à rembourser le gouvernement québécois pour l’accueil des demandeurs d’asile autant pour l’année 2017 que pour 2018.
«Nous cherchons une façon d’être généreux parce que le Québec a été depuis le début dans la question des demandeurs d’asile, un partenaire très important, a-t-il dit. (…) On veut rendre à Québec l’argent qu’on peut pour les dépenses extraordinaires qu’ils ont eues dans ces circonstances-là.»
Il a cité en exemple les frais de logement temporaire des demandeurs d’asile, donc l’offre initiale de 36M$, sans offrir plus de détails sur les sommes additionnelles qu’Ottawa serait prêt à couvrir.
«Il s’agit pour nous de trouver les coûts et les dépenses que le Québec a absorbés (que) le gouvernement (fédéral) peut rembourser, a précisé le ministre. On cherche à vraiment boucler la question et avoir une formule avec le nouveau gouvernement qui nous empêcherait d’être toujours à rembourser des coûts pour l’année précédente.»
Le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait exigé en mars le remboursement de 146M$ pour la prise en charge des 25 000 demandeurs d’asile entrés au pays de façon irrégulière en 2017 près du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle. L’ex-ministre de l’Immigration, David Heurtel, avait souligné à l’époque qu’il s’agissait d’un point de départ.
Selon le ministère fédéral de l’Immigration, près de 15 000 demandeurs d’asile ont traversé la frontière canado-américaine de façon irrégulière par le Québec depuis janvier, dont 1485 ont été interceptés par des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en septembre. Une mise à jour de ces données est prévue jeudi.