Le nombre de véhicules électriques a augmenté de 71% en un an au Québec pour atteindre près de 63 000, selon CAA-Québec. Ce virage vert ne représente toutefois pas la panacée, alors que les problèmes de congestion routière persistent dans la province, rappelle un expert.
Le bilan de CAA-Québec donne espoir que la cible fixée par le gouvernement provincial sera atteinte d’ici la fin de l’année.
«À ce rythme-là, ce ne serait pas fou que la cible [du gouvernement Legault] soit atteinte ou qu’on en soit proche à la fin de l’année, contre toute attente», souligne à Métro le porte-parole de CAA-Québec, Pierre-Olivier Fortin.
Entre octobre 2018 et octobre 2019, le nombre de véhicules entièrement électriques ou hybrides rechargeables immatriculés au Québec est passé de 36 700 à 62 900, ce qui représente un bond de 71%. De ce nombre, près de 7000 appartiennent à des Montréalais et plus de 3300 à des Lavallois.
La province s’approche ainsi de la cible inscrite dans son Plan d’action en électrification des transports 2015-2020. Celui-ci prévoit que la province devrait compter 100 000 véhicules verts sur ses routes d’ici la fin de l’année.
Cet engouement des Québécois s’explique en partie par les subventions offertes par Québec et Ottawa afin de réduire la facture à l’achat d’un véhicule électrique. Les plus récents modèles offrent par ailleurs une autonomie pouvant aller jusqu’à 400 km avec une seule charge, bien que celle-ci diminue en période de grand froid.
Mais l’offre ne suit pas encore la demande chez les concessionnaires, souligne M. Fortin.
«Il y a encore beaucoup de gens qui attendent pour obtenir leur véhicule électrique. Dans certains cas, il faut être prêt à attendre plusieurs semaines ou plusieurs mois pour obtenir le véhicule demandé», dit-il.
Les véhicules électriques présentent par ailleurs des avantages économiques reliés tant à l’entretien qu’à la consommation d’énergie. Un calculateur d’Hydro-Québec permet de constater que ce virage vert permet aux automobilistes de réaliser des économies annuelles importantes, l’électricité étant bien plus abordable que l’essence.
«Il y a plusieurs études qui nous disent que dans quelques années, le coût d’un véhicule électrique sera similaire à celui d’un véhicule à essence, même sans subvention.» -Pierre-Olivier Fortin, porte-parole de CAA-Québec
Insuffisant
Malgré ce récent engouement, le nombre de véhicules électriques continue de ne représenter qu’une «fraction» du parc automobile québécois, souligne M. Fortin. Actuellement, près de 5,5 millions de Québécois sont titulaires d’un permis de conduire. Le nombre de véhicules sur les routes est d’ailleurs en croissance.
«La demande reste centrée en grande partie sur les véhicules à essence. C’est sûr que ça bouge, ça bouge vite, mais les véhicules électriques continuent de ne représenter qu’une petite proportion des véhicules vendus», ajoute Pierre-Olivier Fortin.
Le professeur à l’Université de Montréal et expert en mobilité durable Jean-Philippe Meloche rappelle par ailleurs que les véhicules électriques ne représentent pas la solution optimale en matière de transition écologique.
«Il ne faut pas oublier que l’objectif, c’est qu’il y ait moins de véhicules sur les routes. […] Si je ne fais qu’ajouter des véhicules sur les routes, même s’ils sont électriques, je n’ai pas amélioré mon bilan», souligne l’expert. Selon lui, le gouvernement doit miser en priorité sur le développement du transport en commun afin de réduire le nombre d’automobilistes et d’ainsi contrer la congestion routière.