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Des faillites massives appréhendées par les restaurants

locaux vacants

Un local vacant sur la rue Saint-Denis.

Malgré l’ingéniosité dont ils font preuve en cette période difficile, la moitié des restaurants indépendants au Québec pourraient devoir fermer leurs portes au cours des prochains mois, selon un sondage.

À la fin mars, tous les restaurants du Québec ont dû fermer leur salle à manger en raison de mesures prises par le gouvernement Legault pour limiter la propagation du coronavirus. Face à cette situation, plusieurs restaurateurs ont fait preuve d’imagination en modernisant leur service de livraisons ou de commandes pour emporter. Pour plusieurs d’entre eux, toutefois, ces alternatives ne leur permettent pas de réaliser assez de revenus pour maintenir leur seuil de rentabilité.

«La livraison et le take out, c’est bien, mais pour les restaurants indépendants, c’est extrêmement loin de compenser les pertes de revenus dans les salles à manger», indique à Métro le vice-président aux affaires fédérales et pour le Québec à Restaurants Canada, David Lefebvre. 

Sondage

Restaurants Canada a publié jeudi les résultats d’un sondage mené auprès de 914 exploitants de services alimentaires représentant 11 856 établissements dans la province pour connaître les répercussions de la crise sanitaire sur leurs affaires.

Celui-ci fait état d’une inquiétude palpable dans le milieu alors qu’un restaurant indépendant sur deux craint de devoir fermer ses portes d’ici trois mois. Une situation qui survient alors que, malgré la baisse importante de leurs revenus, leurs frais fixes, comme l’électricité et le paiement du loyer, demeurent.

Déjà, depuis le début de la crise, l’industrie de la restauration a perdu 175 000 emplois au Québec, selon une compilation de l’organisme.

«Il y a beaucoup d’employés, notamment dans les salles à manger, qui ont été coupés temporairement», confirme le porte-parole de l’Association des restaurateurs du Québec, Martin Vézina.

L’hécatombe affecte également les chaînes de restaurants, bien que dans une moindre mesure. Ainsi, selon le sondage, la plupart d’entre elles devront fermer au moins un de leurs établissements dans les prochains mois.

«Les chaînes vont probablement mieux s’en tirer. Mais encore là, il y a des franchisés qui ne passeront pas au travers», évoque M. Lefebvre.

«Pour plusieurs d’entre eux, c’est impensable de pouvoir payer pendant encore plusieurs mois leurs employés, leur loyer et leurs frais fixes dans le contexte actuel.» –David Lefebvre, vice-président aux affaires fédérales et Québec à Restaurants Canada

Paiement du loyer pour les restaurants

Ainsi, un restaurant sur deux craint de devoir fermer ses portes d’ici trois mois, selon le sondage. Les trois quarts des répondants ont d’ailleurs cité leur loyer commercial comme étant la principale source d’endettement de leur entreprise actuellement.

«Un simple report [du loyer], ça ne suffit pas. Autrement, on va les empêcher de faire faillite maintenant, mais on va reporter leur fermeture dans trois ou quatre mois parce qu’ils ne pourront toujours pas payer leur loyer», souligne M. Lefebvre.

Pour prévenir des évictions de commerçants qui louent des locaux commerciaux, le gouvernement fédéral a annoncé jeudi dernier son intention de travailler avec les provinces pour concrétiser un programme qu’il a temporairement baptisé l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial. Celui-ci permettra aux propriétaires d’immeubles commerciaux d’obtenir des prêts afin que ceux-ci puissent baisser ou annuler les loyers des entreprises qui sont leurs locataires pour trois mois.

En plus de presser Ottawa de concrétiser ce programme, Restaurants Canada demande à Québec d’imposer une moratoire sur les évictions de locataires commerciaux pendant la crise sanitaire. «Une mesure contre les évictions, ça peut se faire rapidement», souligne David Lefebvre. 

Fardeau fiscal

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a également publié jeudi les résultats d’un coup de sonde. Celui-ci indique qu’une vaste majorité d’entreprises au Québec estiment que les autorités devraient miser sur une réduction de leur fardeau fiscal et administratif pour faciliter la relance économique.

«Il va falloir des assouplissements fiscaux, ça m’apparaît évident. Il faudra aussi trouver des moyens pour permettre aux personnes d’être assez à l’aise financièrement pour aller manger au restaurant», estime Martin Vézina. 

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