Le gouvernement du Québec doit montrer l’exemple et miser davantage sur des entreprises vertes et locales pour répondre à ses besoins, plaide la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) dans une nouvelle étude.
Le document, dont Métro a obtenu copie, fera l’objet d’une conférence de presse cet avant-midi en présence du président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc, et de son homologue à Propulsion Québec, Sarah Houde, tous deux à l’origine de cette démarche.
La vaste étude, intitulée «Faire des marchés publics un outil stratégique de développement économique et de renforcement de l’innovation au Québec», demande à Québec de prêcher par l’exemple en contribuant à ce que la relance tienne compte de l’urgence climatique.
Adapter les contrats
Actuellement, le gouvernement opte généralement pour le plus bas soumissionnaire lorsqu’il cherche une entreprise pour réaliser des travaux publics ou fournir les biens et services dont il a besoin. Une façon de faire qui entraîne souvent l’exclusion d’entreprises «plus efficaces dans la lutte aux changements climatiques» en raison du fait qu’elles proposent une facture plus élevée que certains de leurs concurrents soumissionnaires.
Ainsi, la CCMM et Propulsion Québec recommandent à l’état d’inclure dans ses appels d’offres et ses contrats des exigences en matière de performance tout en tenant compte d’enjeux environnementaux. À titre d’exemple, la Ville de Montréal entend obliger les soumissionnaires à ses appels d’offres en matière de gestion des matières résiduelles d’avoir un plan de réduction de leurs GES.
«Si on inclut les coûts d’entretien futurs et les impacts environnementaux du projet, ça va permettre de choisir les meilleures options sur le plan du rendement et en matière environnementale», plaide Michel Leblanc, en entrevue à Métro.
«Dans le contexte de la crise de la COVID-19, on veut non seulement une relance économique, mais aussi une relance verte.» – Michel Leblanc, président de la CCMM
Aide financière
L’étude évoque également la possibilité de créer une «Banque verte», qui serait intégrée à Investissement Québec.
«Le système bancaire fait très bien son travail de soutenir des projets en fonction de leur rentabilité financière […]. Par contre, il y a des projets qui vont fournir un rendement financier moindre, mais qui ont une rentabilité environnementale élevée», explique M. Leblanc. Ce sont donc ces entreprises vertes qu’une telle initiative publique viendrait soutenir.»
Dans le même esprit, l’étude propose que le ministère de l’Économie et de l’Innovation crée un programme d’aide financière pour financer les innovations vertes. Cela ferait en sorte que les entreprises de ce secteur pourraient avoir plus de facilité à obtenir des contrats publics en étant mieux financées.
«Les ministères et les organismes publics doivent souvent renoncer à des offres de services ou des produits innovants parce qu’ils sont plus chers que [ceux de] leurs concurrents.» – Extrait de l’étude
Entreprises locales
Finalement, on presse les organismes publics d’avoir des exigences techniques dans leur approvisionnement visant à faciliter le recours à des entreprises locales. Ils pourraient par exemple exiger que les soumissionnaires offrent un service après-vente local «et répondant à des exigences linguistiques particulières».
Québec pourrait aussi réclamer que les biens faisant l’objet de contrats publics disposent de «la résistance à des températures extrêmes», ajoute le document. «On peut inclure des conditions qui reconnaissent les valeurs de l’innovation reliées aux entreprises d’ici», termine M. Leblanc.