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Sommes-nous prêts pour une deuxième vague?

Sommes-nous prêts pour une deuxième vague?

Selon des experts, un nouveau confinement aura des impacts sur la santé mentale

La pandémie a eu des impacts tangibles sur la santé mentale de nombreuses personnes, au Québec comme ailleurs dans le monde. Alors que la transmission communautaire reprend de la vigueur dans la province, sommes-nous prêts pour une deuxième vague du coronavirus?

«Oui et non», indique à Métro la psychologue Connie Scuccimarri, qui œuvre à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Cette fois, souligne-t-elle, les Québécois auront été avertis, alors que la première vague a eu l’effet d’une mauvaise surprise au printemps.

«On savait que ça s’en venait à l’automne [la deuxième vague]. Donc, on est en partie prêts psychologiquement pour ce stress», pense Mme Scuccimarri, qui est également membre de la Coalition des psychologues du réseau public québécois. Un point de vue que partage le psychologue et directeur scientifique du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, Stéphane Guay.

«On est définitivement plus prêts que lors de la première vague. On a apprivoisé beaucoup de choses sur le virus. On le connaît mieux. Et de mieux le connaître fait en sorte qu’on est plus en contrôle de la situation. […] En connaissant le danger du virus, on diminue aussi les risques de se retrouver en confinement», souligne-t-il. Il ajoute à cet égard qu’à l’exception de «quelques comportements délinquants», la majorité des Québécois respectent les règles sanitaires en vigueur. Une situation qui peut aider à «tempérer le stress» dans la population, estime l’expert.

Répercussions psychologiques

Cela ne suffira toutefois pas à prévenir une hausse des troubles de santé mentale dans la population dans l’éventualité d’un nouveau confinement partiel ou total, prévient Mme Scuccimarri.

Dans les derniers mois, plusieurs études ont abordé les répercussions psychologiques de la pandémie. Dans une analyse de la littérature scientifique publiée le 1er juin, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a fait état d’impacts potentiels sur le niveau de stress, l’épuisement, la dépression et la consommation d’alcool des citoyens, notamment. Puis, le 1er septembre, un rapport de Statistique Canada faisait état d’une hausse de 11% des demandes pour des problèmes de santé mentale auprès des différents corps de police du pays, au cours des quatre premiers mois de la pandémie. «On se retrouve vraiment devant un gros problème», constate Mme Scuccimarri.

«On sait qu’il y a une hausse des dépressions. Et avec ça, on craint pour les vies.» -Connie Scuccimarri, psychologue

Aussi les jeunes

Les adolescents et les jeunes adultes ne sont d’ailleurs pas épargnés par les répercussions psychologiques de la crise sanitaire. Dans le cadre d’une étude publiée le 14 juillet dans La Revue canadienne de psychiatrie, des chercheurs canadiens ont sondé 622 personnes âgées de 14 à 28 ans quant aux impacts de la pandémie sur leur état d’esprit.

«Chez les adolescents ayant des antécédents de problèmes de santé mentale, le contexte de la pandémie pose un risque significatif à l’exacerbation des besoins», souligne également l’étude. De nombreuses personnes sondées réclament d’ailleurs une augmentation des services de soutien en santé mentale ainsi qu’une plus grande offre d’activités pour «rester occupés» en temps de pandémie.

«Ce dont on a besoin, c’est de plus de psychologues pour aider les gens avec de gros problèmes psychologiques», tranche Connie Scuccimarri.

Les besoins sont particulièrement importants dans les écoles, qui ont rouvert leurs portes dans les dernières semaines dans le contexte de la rentrée scolaire.

«Au niveau des écoles, on sait qu’il y a des études qui ont remarqué qu’il y avait un psychologue pour 3 500 élèves. C’est un ratio impossible», déplore Mme Scuccimarri. Cette dernière estime que le gouvernement Legault n’a «pas assez pris en compte» les impacts potentiels de la pandémie sur les élèves, dans le contexte de la rentrée scolaire.

Briser l’isolement des aînés

Au Québec, les mesures de confinement du printemps ont particulièrement affecté les aînés, constate M. Guay.

«Une des mesures pour limiter les impacts sur la santé mentale des aînés, qui peut être fragile, c’est la connectivité. Les personnes âgées ont besoin de ces contacts sociaux pour réguler leur bien-être au quotidien», souligne-t-il. L’expert fait ainsi état de l’importance de permettre aux personnes âgées de continuer d’avoir accès à leurs proches aidants dans l’éventualité d’une deuxième vague. Il estime aussi qu’il faudrait donner accès à des outils technologiques – comme un téléphone intelligent ou une tablette – aux aînés qui en ont besoin, afin que ceux-ci puissent rester en contact plus facilement avec leurs proches.

Confinement local

D’autre part, le psychologue voit d’un bon œil l’intention du gouvernement Legault de prioriser des fermetures locales, par région ou «sous-région», à un confinement généralisé du Québec, dans l’éventualité d’une deuxième vague.

«Un autre élément qu’on doit considérer, c’est qu’au printemps, on a été face à un confinement généralisé, tandis que là, on s’en va plus vers un confinement ciblé. Et ça, ça vient diminuer le niveau d’inquiétudes», souligne l’expert.

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