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Affaire Echaquan: la ministre D’Amours sur la corde raide

La ministre Sylvie D'Amours

Sylvie D'Amours

Un remaniement ministériel se profile-t-il à Québec? Déçu notamment de l’avancement des recommandations du rapport Viens, le premier ministre François Legault a refusé jeudi de donner son appui inconditionnel à la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours.

«Je suis en train de regarder la situation», s’est contenté de dire M. Legault lorsqu’interrogé sur sa confiance envers la ministre.

Celle-ci est empêtrée depuis la semaine dernière dans les suites de l’affaire Joyce Echaquan, cette femme atikamekw morte dans des circonstances troublantes à Joliette. Plusieurs membres de la communauté de Manawan reprochent à Mme D’Amours d’être trop silencieuse.

Triste ironie: le rapport Viens sur les relations entre les Autochtones et certains services publics fêtait la semaine dernière son premier anniversaire, quelques jours après le décès de Mme Echaquan. Selon Mme D’Amours, une cinquantaine d’appels à l’action font l’objet de chantiers.

«Je trouve que ça n’avance pas assez vite», a laissé tomber jeudi le premier ministre Legault. Pour accélérer le pas, il affirme qu’il va «s’impliquer personnellement» dans les discussions avec les Autochtones, comme il l’a fait la semaine dernière avec les représentants de la Nation atikamekw.

L’élu de la Coalition avenir Québec (CAQ) écorche au passage certaines positions des communautés autochtones. «Il y a des Nations qui demandent beaucoup d’argent. Évidemment, on a une capacité limitée», a indiqué M. Legault.

Ligne du temps

Élue une première fois dans l’opposition, en 2014, Sylvie D’Amours s’était déjà fait critiquer comme députée, pour avoir proposé des amendements à un projet de loi sur les entreprises agricoles alors qu’elle possédait elle-même une ferme. À l’époque, M. Legault avait qualifié les gestes de sa collègue d’«erreur».

Mme D’Amours a reçu le portefeuille des Affaires autochtones dès la première présentation du cabinet caquiste. C’était quelques jours après les élections de 2018, qui ont pour une première fois porté la CAQ au pouvoir.

Plus récemment, la ministre a fait les manchettes lorsqu’elle a qualifié certaines organisations représentantes des Premières Nations de «quatrième parti d’opposition».

Affaire Echaquan

Lundi dernier, quelques moments avant sa mort, Joyce Echaquan a activé une vidéo en direct. Dans cet enregistrement qui a fait le tour du Québec, on entend deux employées invectiver la mère de famille atikamekw en utilisant des propos racistes.

Les deux employées ont dû quitter leur poste. Deux enquêtes, dont une publique du coroner, sont en cours.

La semaine dernière, le tragique événement a relancé le débat sur le racisme systémique à l’Assemblée nationale. Dans les oppositions, le Parti libéral et Québec solidaire pressent le gouvernement de prononcer ces mots. Interrogé mercredi, le premier ministre Legault avait de nouveau refusé.

«Si on veut être capables de rassembler, non pas diviser les Québécois, mais rassembler… Tout le monde dit: il y a du racisme. Tout le monde veut que ça arrête. Posons des gestes», avait-il noté.

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