En matière de véhicules électriques, le Québec a tout pour produire la batterie la plus propre de l’Amérique du Nord, selon le ministre Pierre Fitzgibbon. Mais sur la chaîne de production, il lui faudra supprimer le plus d’intermédiaires possible entre le minerai et la fabrication.
«Le Québec possède les quatre minerais importants dans la fabrication de batteries, et c’est tout un avantage!», assure le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, en entrevue avec Métro.
Le ministre fait ainsi référence au lithium, au graphite, au cobalt et au nickel, que l’on peut trouver dans la province. Des trésors au regard du contexte où Tesla craint une pénurie de ces minerais utilisés dans la fabrication de batteries pour voitures électriques.
Éviter l’Asie
Mais, en matière de véhicules électriques, il reste un défi de taille, selon Fitzgibbon. Le Québec devra en effet investir davantage de maillons de la chaîne de production. Car, entre le minerai et la fabrication, il y a de trop nombreux intermédiaires, explique le ministre.
Par exemple, pour le moment, l’essentiel des composants de batteries est importé d’Asie. «Ce qui n’est pas efficace pour le Québec en matière de coût et d’approvisionnement», dit à Métro Fitzgibbon.
Néanmoins, le Québec a tout pour produire la batterie la plus propre de l’Amérique du Nord, estime-t-il. Non seulement le talent et les ressources naturelles, mais aussi un réseau hydroélectrique qui produit près de 97% de l’électricité de la province.
«Il est temps de tirer profit de nos atouts et de développer une véritable filière des batteries, et ce, de l’exploitation de nos minéraux stratégiques jusqu’au recyclage des batteries.» -Pierre Fitzgibbon
Le gouvernement caquiste a déjà affiché son intention de développer le créneau des batteries pour voitures électriques. Une idée également avancée par Québec solidaire, qui a proposé tout un plan produire des batteries au Québec sur un modèle d’économie circulaire.
Mais concrètement, il se passe quoi?
En ce qui concerne les véhicules électriques, trois gros chantiers sont en cours au Québec, répond à Métro le ministre Fitzgibbon.
D’abord, celui de l’exploitation des minerais qui servent à fabriquer les batteries. Puis, celui sur la production de véhicules électriques.
Au milieu, on trouve le chantier sur les enjeux de recyclage des batteries (notamment avec l’usine de recyclage de Shawinigan). L’étape de recyclage des batteries pose à elle seule plusieurs défis. Par exemple, le lithium que l’on trouve dans les batteries a un potentiel explosif, explique le ministre.
«L’idée est de prendre nos ressources naturelles et de les transformer dans un produit de valeur ajoutée sur un marché de production.» Pierre Fitzgibbon
Mais «cela requiert beaucoup d’argent», dit le ministre, ainsi que bon nombre de partenariats et d’investissements étrangers. Cela dit, la situation géopolitique stable du Québec pourrait les convaincre, estime-t-il.
«On va demander au fédéral de venir nous aider», complète-t-il lorsqu’interrogé sur l’investissement de Trudeau dans une usine de véhicules électriques en Ontario.
Réussir à supprimer les intermédiaires aurait des retombées positives pour le Québec, notamment le développement d’une dynamique d’économie circulaire, dit-il.
Fitzgibbon en énumère d’autres: création de milliers d’emplois, investissements de plusieurs milliards de dollars et, par la bande, lutte contre les changements climatiques.
En 2020, Hydro-Québec aura de son côté investi plus de 25 M$ afin de poursuivre la croissance des systèmes de motorisation électriques de Dana TM4. Les installations de Dana TM4 à Boucherville ont entre autres pu être agrandies pour ajouter une nouvelle chaîne de production.
Forum Québec électrique
Le 30 octobre prochain, l’événement C2 Montréal accueillera (virtuellement) le ministre Fitzgibbon pour discuter des batteries propres, lors du Forum Québec électrique.
À ses côtés, on trouvera le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, M. Benoit Charette, ainsi que le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, M. Jonatan Julien. Tous deux présenteront l’approche du Québec en matière d’économie verte.
Notons que Québec a pour projet de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Plus précisément, le gouvernement vise une réduction de 37,5% sous le niveau de 1990 d’ici 2030.
La présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, offrira également son point de vue sur cette relance post-COVID, plus propre et écologique.
Comme le rappelle à Métro Jennifer Legrand, cheffe de la création à C2 Montréal, l’objectif de C2 est non seulement de se questionner sur les projets en cours et les moyens d’accélérer certaines innovations, mais de contribuer, par cette conversation, à «faire avancer la société.»