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Le lithium doit être au centre de la stratégie économique du Québec, croit Fitzgibbon

Pierre Fitzgibbon, le ministre de l'Économie, lors d'un discours devant le Cercle Canadien de Montréal.
Le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon Photo: Gracieuseté/Cercle canadien de Montréal

Pour devenir «la batterie verte de l’Amérique du Nord», le Québec doit miser sur ses réserves de lithium et d’autres minéraux naturels, a dit le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, dans une allocution devant l’auditoire du Cercle canadien de Montréal, lundi. Il faudra toutefois se montrer patient, car ce domaine «comporte certainement des risques», a-t-il mis en garde.

Au Québec, les rares projets d’exploitation du lithium battent de l’aile. L’entreprise Nemaska Lithium éprouve des difficultés et a récemment remercié près de la moitié de ses employés.

Selon le ministre Fitzgibbon, ces soubresauts étaient envisageables. «Les prix sont très bas. Pourquoi? Parce qu’il y a plus de lithium disponible que de besoins pour faire des batteries», a-t-il souligné en marge de son allocution au Centre Sheraton.

«Mais si on regarde les rapports de conversion aux voitures électriques, il faut avoir une vue beaucoup plus moyen-terme, long-terme», a-t-il ajouté.

Les batteries lithium-ion alimentent les voitures électriques, de plus en plus nombreuses. Le gouvernement de François Legault compte d’ailleurs beaucoup sur les transports électriques pour assurer une meilleure transition énergétique.

«On veut plus de transport électrique sur nos routes», a réitéré M. Fitzgibbon.

Les difficultés rencontrées par certaines sociétés exploitant le lithium au Québec sont attribuables aux coûts de construction élevés des infrastructures minières, dit Georges Beaudoin, professeur spécialisé dans l’exploration minière à l’Université Laval. «Ça demande beaucoup de capital.»

Des ressources disponibles

D’après le ministre Fitzgibbon, le potentiel est énorme. Il parle du «du projet d’une génération».

«On a tout en main pour fabriquer des batteries lithium-ion 100% québécoises et hautement convoitées sur les marchés internationaux. Pour les intégrer dans des véhicules fabriqués idéalement au Québec», souligne-t-il.

Même son de cloche du côté du professeur Georges Beaudoin. «On a des dépôts et beaucoup de possibilité de découverte d’autres dépôts, en particulier dans le Nord du Québec», analyse l’expert.

La Coalition avenir Québec (CAQ) ne va pas toutefois pas aussi loin que Québec solidaire (QS). Le parti d’opposition avait appelé, début septembre, à une «participation majoritaire» du gouvernement dans cette filière d’exploitation.

«Quand on regarde les projets : lithium, graphite, cobalt, phosphate, fer – parce que ça prend un paquet d’affaires pour faire des batteries… Tout ça, ça demande quoi? Cinq à dix milliards d’investissement?», estime M. Fitzgibbon.

L’industrie aimerait bien avoir des partenaires pour se développer. «Pour moi, avoir des partenaires étrangers qui connaissent ça et qui peuvent nous faire aller plus vite, dans la mesure où on contrôle la matière jusqu’au bout, ça me suffirait», avoue-t-il.

Le gouvernement peut surtout aider dans l’investissement en recherche et développement, rappelle Georges Beaudoin. «Une des difficultés auxquelles les exploitations vont faire face, c’est la concentration et le traitement du minerai. Ça demande du développement en génie chimique et en métallurgie.»

Modèle à définir

Le gouvernement mettra prochainement en place une stratégie de développement axée sur la filière «lithium-ion», annonce le ministre de l’Économie. Le soutien de l’écosystème, de la fabrication au recyclage des batteries, doit faire partie de la stratégie nationale, selon lui.

Le Québec cherchera bientôt du soutien en Asie grâce à une mission économique à laquelle participera M. Fitzgibbon.

«Je suis prêt à dire à d’éventuels partenaires que nous allons partager ce risque pour investir dans l’avenir du Québec», avance-t-il.

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