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L’accès aux soins de santé difficile pour les personnes trans

le drapeau des personnes trans

Que cela soit pour obtenir des médicaments ou un rendez-vous dans une clinique médicale, le retour de la pandémie a replongé la communauté trans dans l’incertitude en ce qui concerne l’accès aux soins dont elle a besoin. 

Déjà avant la crise sanitaire, les délais pour obtenir un rendez-vous dans une clinique spécialisée étaient considérables. Depuis, ils sont pires estime Julien Leroux-Richardson, intervenant psychosocial au sein de l’organisme Aide aux Trans du Québec (ATQ)

«On parlait d’un an d’attente. Maintenant on parle d’un an et demi, voir deux ans d’attente, selon les cliniques et le nombre de professionnels disponibles.»

La situation s’était légèrement améliorée lors du déconfinement cet été. Cependant, avec la deuxième vague, les retards sont à nouveau démesurés. 

Laurent Marseille est un des derniers patients à avoir été admis au bloc-opératoire en mars dernier.

L’homme trans de 22 ans se compte «chanceux» d’avoir eu sa chirurgie de réassignation de genre avant que tout éclate. Il avait initié le processus un an et demi avant sa date d’opération.

Cependant, Laurent Marseille n’a jamais pu avoir de rendez-vous post-opératoire comme c’est habituellement le cas.

«J’ai eu un appel quelques jours avant mon rendez-vous pour me dire que finalement ça ne serait pas possible de me voir, se rappelle-t-il. Ils devaient vraiment limiter les va-et-vient dans la clinique.»

L’étudiant s’est tout de même vu offrir des ressources alternatives, comme d’envoyer des photos au secrétariat du centre de chirurgie si quelque chose lui semblait anormal dans sa guérison.

«Ça peut être difficile de dire ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, précise-t-il cependant. Ça a été un peu anxiogène de ne pas avoir de suivi, mais la chance était de mon côté.»

Détresse psychologique

Julien Leroux-Richardson souligne que les délais engendrés par la pandémie peuvent causer du stress intense chez les personnes trans. 

«Plus les délais sont longs, plus les personnes sont aux prises avec leur détresse, affirme-t-il. Ce n’est pas la faute des professionnels de la santé, mais elles sont laissées à elles-même.»

Le directeur général de l’organisme Interligne – anciennement Gai Écoute -, Pascal Vaillancourt, partage cet avis.

«La vague un a mis de l’avant de la détresse chez les personnes trans et la situation n’a pas changé à la vague deux», dit-il.

M. Vaillancourt indique que les premiers motifs pour lesquels les personnes trans appellent à la ligne d’écoute sont l’anxiété, le stress lié à la pandémie, l’isolement et la transphobie.

«Il y a des personnes qui veulent débuter une transition et qui trouvent cela particulièrement difficile en temps de COVID-19», ajoute-t-il. 

Pascal Vaillancourt donne l’exemple d’un jeune pour qui la pandémie a complètement contrecarré ses plans. «Il désirait amorcer une transition, mais il est pris chez eux. Il n’est pas à l’aise d’entamer une démarche parce qu’il ne sent pas qu’il est dans un milieu sécuritaire», explique-t-il.

Pénurie de médicaments

La communauté trans s’est aussi buté à un autre obstacle en temps de pandémie: une pénurie de médicaments, comme des hormones ou des bloqueurs d’hormones.

Laurent Marseille, qui prend de la testostérone en injection, se rappelle qu’elle était en rupture de stock dans plusieurs pharmacies montréalaises.

«Je connais des personnes qui ont dû faire six ou sept pharmacies avant de pouvoir trouver leur médication», explique-t-il. 

Il est possible de se tourner vers une alternative, comme un médicament en gel ou en patch, mais son coût est plus élevé. 

«Si ça fait quatre ans que tu es habitué de faire ton injection et que tu changes ta routine, c’est faisable, mais ce n’est pas souhaitable», ajoute Laurent Marseille.

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