Les Atikamekw demandent à nouveau à Québec de reconnaitre le racisme systémique vécu par les Autochtones, dans un mémoire basé sur le «Principe de Joyce» déposé lundi. Notamment dans le domaine de la santé.
«Pour y arriver, la reconnaissance ainsi que le respect des savoirs et connaissances traditionnelles et vivantes des autochtones en matière de santé sont une condition sine qua non», peut-on entre autres y lire.
Avec ce Principe, le conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM) et le conseil de la Nation Atikamekw (CNA) souhaitent garantir à tous les Autochtones le droit d’avoir accès à tous les services de santé et sociaux. Et ce, sans aucune discrimination.
Désormais sur le bureau du premier ministre du Québec, M. François Legault, et sur celui du premier ministre du Canada, M. Justin Trudeau, le Principe souhaite également que le gouvernement du Canada reconnaisse le droit à l’autonomie et à l’autodétermination des peuples autochtones en matière de santé et services sociaux.
Il insiste en outre sur la reconnaissance de l’importance de «sensibiliser et éduquer les allochtones» sur les réalités des Autochtones.
Rappelons que le Principe de Joyce est une initiative du CDAM suite au décès tragique de Joyce Echaquan, survenu le 28 septembre dernier à l’hôpital de Joliette.
«La mort de Joyce a été une terrible tragédie pour nos enfants et moi. Je souhaite que les gouvernements du Québec et du Canada adoptent le Principe de Joyce afin que ce terrible évènement ne soit pas survenu en vain.» – Carol Dubé, conjoint de Joyce Echaquan.
Les événements sont survenus dans un centre hospitalier formellement visé par le rapport final de la commission Viens du 29 septembre 2019, souligne le mémoire. Ce qui «rend la situation d’autant plus intolérable», peut-on y lire.
Le Principe doit être adopté, selon les Atikamekw
Pour Paul-Émile Ottawa, Chef de Manawan, l’adoption du Principe constituerait «un grand pas» vers l’établissement d’une confiance «fondamentale», dit-il.
«Le statu quo n’est pas une option pour la Nation Atikamekw», peut-on lire dans le mémoire déposé ce lundi.
Pour les Atikamekw, le Principe de Joyce est un «appel à l’action» contre le racisme systémique. Il doit être adopté si l’on souhaite faciliter la transition vers des systèmes de santé plus sécuritaires et exempts de discrimination pour les Autochtones. Et ce, aussi bien au Québec qu’au Canada.
«C’est une journée importante. Non seulement pour la famille de Joyce Echaquan mais également pour la Nation Atikamekw, les Autochtones, le Québec et le Canada», a estimé pour sa part Constant Awashish, Grand Chef de la Nation Atikamekw.
Selon lui, il appartient maintenant aux gouvernements de démontrer «une volonté de changements profonds».
« Le monde entier a entendu les cris de Joyce. (…) Maintenant les yeux sont tournés vers ce que les gouvernements du Québec et du Canada feront pour que Joyce ne soit pas oubliée.» – Constant Awashish, Grand Chef de la Nation Atikamekw
Au moment de la consultation publique, le ministre aux Affaires autochtones, Ian Lafrenière, avait accueilli favorablement cette initiative. Selon lui, avoir accès à tous les services de santé sans discrimination est un «droit fondamental.»