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Langues officielles: le fédéral propose un traitement particulier pour le Québec

Mélanie Joly

La ministre du Développement économique, Mélanie Joly.

Le gouvernement fédéral propose un traitement particulier pour le Québec et certaines régions du pays où le français occupe une place importante dans le cadre de sa réforme de la Loi sur les langues officielles. Le tout afin de protéger la langue de Molière, dont l’usage est en déclin au pays.

La ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, a rendu public vendredi un vaste document de travail, qui représente le fruit de consultations publiques menées de mars à mai 2019. Baptisé «Français et anglais: vers une égalité réelle des langues officielles au Canada», celui-ci servira de base à la réforme à venir de la Loi sur les langues officielles, qui date de 1969.

Dans les dernières décennies, l’usage du français a connu un déclin au pays. Celui-ci a d’ailleurs été particulièrement important à Montréal. Ainsi, comme le réclamait le gouvernement Legault, Ottawa propose une batterie de mesures pour assurer une meilleure protection du français au pays.

«La langue française fait face à une érosion au Québec et ailleurs au pays. On doit en faire plus», a déclaré vendredi après-midi la ministre Joly, en entrevue à Métro.

Entreprises fédérales

Plusieurs mesures dans ce document s’appliqueront d’ailleurs précisément au Québec et aux régions où l’on compte une communauté francophone importante. C’est notamment le cas du Nouveau-Brunswick et de certains secteurs dans l’est et le nord de l’Ontario.

Dans ces endroits, les entreprises privées de compétence fédérale devront autoriser leurs employés à travailler et à communiquer avec leur patron en français, tandis que les clients devront pouvoir se faire servir en français s’ils le souhaitent. Ces entreprises sont notamment présentes dans le secteur des télécommunications, des transports et des banques.

«L’idée, c’est qu’on reconnaisse le droit de travailler en français et de se faire servir en français dans les entreprises de juridiction fédérale», a expliqué la ministre. «On s’inspire de la Loi 101», a-t-elle ajouté.

Au Québec, actuellement, 73 500 Québécois travaillent dans des entreprises de compétence fédérale qui n’ont pas à appliquer la Loi sur les langues officielles et qui ne se soumettent pas volontairement à la Charte de la langue française.

La ministre précise toutefois: les anglophones pourront continuer de se faire servir en anglais dans ces entreprises.

«Il y a un droit de se faire servir en français, mais si on veut se faire servir en anglais, on peut, évidemment», a-t-elle dit.

«C’est la première fois que la Loi sur les langues officielles va s’appliquer à des entreprises privées.» -Mélanie Joly, ministre des Langues officielles

Des fonctionnaires bilingues

Ottawa compte par ailleurs offrir un soutien accru aux fonctionnaires anglophones quant à l’apprentissage du français.

«Le gouvernement élaborera un nouveau cadre de formation en langue seconde pour la fonction publique qui garantira un enseignement de qualité et sera adapté aux besoins des personnes suivant les formations», souligne ainsi le document. Mme Joly précise en outre que le bilinguisme fera partie des critères de sélection auxquels devront se conformer les fonctionnaires s’ils souhaitent gravir des échelons au sein de l’État.

Celui-ci prévoit aussi d’inclure dans la loi l’obligation pour les juges de la Cour suprême du pays d’être bilingues. Ainsi, on souhaite que cette mesure, déjà appliquée dans les faits par le gouvernement en place, devienne permanente.

Immigration francophone

Dans son document de travail, Mme Joly souligne en effet que les parents anglophones au pays «n’ont jamais autant inscrit leurs enfants en classe d’immersion». Or, la demande est plus grande que l’offre et les listes s’allongent, ce qui vient nuire aux efforts pour favoriser la langue française au pays.

«Il y a des listes d’attente partout à travers le pays pour l’immersion en français», souligne la ministre.

Face à cet enjeu, Ottawa souhaite augmenter l’immigration francophone à l’extérieur du Québec, notamment afin de recruter des enseignants qui pourront enseigner la langue de Molière dans des écoles d’immersion au Canada. Ottawa souhaite en fait simplifier les processus d’immigration afin d’attirer «les meilleurs enseignants francophones partout au monde» et ainsi faire face aux «pénuries d’enseignants de français» que subit actuellement le pays, indique le document de travail.

«On le sait, le français est en recul au Québec et au Canada et on doit en faire plus pour maintenir le poids démographique des francophones au pays», a affirmé Mme Joly.

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