La mort de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette le 28 septembre dernier ne sera pas vaine. De «grands changements» de culture organisationnelle et de gestion sont à venir dans l’établissement de santé chapeauté par le CISSS de Lanaudière.
C’est ce qu’a déclaré la nouvelle présidente-directrice générale du CISSS de Lanaudière, Maryse Poupart, à l’avant-dernier jour de l’enquête publique sur le décès de Mme Echaquan.
En poste depuis huit semaines, la gestionnaire souhaite faire une réelle «révolution» pour qu’aucun autre drame ne survienne entre les murs de l’hôpital de Joliette. Mme Poupart souhaite également que l’établissement devienne un exemple pour le reste du réseau.
Des engagements et des actions
Maryse Poupart s’est engagée, devant la coroner, à créer les conditions nécessaires pour rétablir la confiance entre le personnel soignant de Joliette et la communauté atikamekw de Manawan et pour induire un sentiment de réelle sécurité dans les soins, les services et les relations.
Lors de sa présentation, la PDG a exposé ses priorités d’actions qui touchent à la fois la gouvernance de l’organisation, l’organisation des soins et des services, l’approche d’intervention, ainsi que la collaboration avec les communautés autochtones.
Si certaines ont déjà été réalisées, la majorité sont en cours ou en voie de l’être.
Cela comprend aussi un plan d’action intégré en sécurisation culturelle, une recommandation qui est revenue souvent durant cette enquête publique. De nouveaux postes ont aussi été créés afin d’inclure des personnes autochtones dans la gestion de l’organisation.
La PDG s’est aussi déjà engagée à «accueillir avec ouverture» les recommandations de la coroner qui préside l’enquête, Géhane Kamel.
«Notre volonté est de poursuivre le travail de réconciliation qu’on a amorcé. Je suis convaincue qu’on continue d’avancer ensemble. Si on cherche des solutions concrètes, on va y arriver. Je suis portée par cet espoir-là et j’en serai la gardienne quotidiennement.» – Maryse Poupart, PDG du CISSS de Lanaudière
«Gestion d’apparences», selon le syndicat
L’agente syndicale de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Marie-Chantale Bédard, a affirmé qu’elle avait de «grandes espérances» face à l’embauche de Maryse Poupart.
«On a l’espérance qu’il y ait des choses qui changent, qu’il y ait des améliorations et aussi un changement de gestion», a-t-elle déclaré lors de son témoignage mardi matin.
La témoin a dénoncé une «gestion d’apparences» au CISSS de Lanaudière, mentionnant aussi des difficultés de communication entre le syndicat et l’employeur et parfois même avec le personnel à la suite du décès de Mme Echaquan.
Bien qu’elle reconnaît des lacunes dans les soins prodigués à Mme Echaquan, Marie-Chantale Bédard constate aussi que l’urgence de Joliette ne respecte pas le guide de gestion des urgences qui date de 2006.
En effet, l’urgence du centre hospitalier ne semble pas tenir en compte la lourdeur des cas qui sont attribués aux infirmières. «On donne cinq civières à une infirmière, mais on ne donne pas la lourdeur des cas. Et c’est quelque chose qui devrait être pris en considération», a souligné Marie-Chantale Bédard.
Selon le syndicat, il y a des disparités entre les soins prodigués à l’urgence de l’hôpital de Joliette et ceux prodigués à l’urgence de l’hôpital Pierre-Le Gardeur, pourtant deux établissements du CISSS de Lanaudière.
Afin de combler ces écarts, il propose de revoir le travail des candidates à l’exercice de la profession infirmière, ainsi que les ratios patients-infirmières. La PDG du CISSS de Lanaudière, Maryse Poupart, s’est engagée à régler ces problèmes.
État de la situation le jour de la mort de Joyce Echaquan
À la barre, l’agente syndicale Marie-Chantale Bédard a aussi fait état de la situation à l’hôpital de Joliette le 28 septembre dernier, le jour où est décédée Joyce Echaquan.
Selon un chiffre fourni par le rapport annuel de l’Ordre des infirmières, la région de Lanaudière a le plus bas taux de présence d’infirmières par habitant, soit 4.73. «Il y a vraiment une difficulté de recruter des infirmières dans Lanaudière», a ajouté Marie-Chantale Bédard.
Selon des données obtenues par le syndicat grâce à une demande d’accès à l’information, 25% du temps supplémentaire, dont le temps supplémentaire obligatoire, a été fait à l’urgence de Joliette.
Seulement cinq membres du personnel de l’urgence de Joliette étaient formés sur les contentions au moment de l’événement. «Les contentions, c’est une mesure utilisée vraiment en dernier recours et c’est une mesure qui est quand même risquée. Ça peut avoir de grands effets, donc c’est quand même préoccupant», a-t-elle ajouté.
L’enquête publique du coroner sur la mort de Joyce Echaquan se termine mercredi avec le volet «recommandations». Les avocats des différentes parties feront leur plaidoiries. À Trois-Rivières, une marche se tiendra en la mémoire de la défunte mercredi le 2 juin également.