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Le décès de Joyce Echaquan pourrait être lié à une maladie cardiaque rare

Photo: Capture d'écran

Joyce Echaquan serait décédée d’un œdème pulmonaire, potentiellement lié à une maladie cardiaque rare, selon deux médecins qui ont témoigné devant la coroner jeudi.

Au neuvième jour d’audiences publiques portant sur le décès de Mme Joyce Echaquan, le Bureau du coroner a reçu des experts en autopsie et toxicologie. Selon le rapport de l’urgentologue Alain Vadeboncoeur, l’œdème pulmonaire – une complication qui amène notamment des fluides et du sang dans le poumon – serait la seule cause de décès possible. «Je ne vois aucune autre cause létale», note le Dr Vadeboncoeur.

De plus, la femme de 37 ans souffrait d’insuffisance cardiaque potentiellement liée à une maladie rhumatismale chronique rare, révèle le rapport d’autopsie du Dr Richard Fraser, du département de pathologie de l’université McGill. Cette insuffisance pourrait avoir causé l’œdème pulmonaire.

«Ce diagnostic est très rare. J’ai plus de 3000 autopsies à mon actif mais c’est la première fois que je vois cela.» – Dr Fraser Richard

Cœur + AVC explique que «la fièvre rhumatismale est rare dans les pays développés. Par contre, une étude canadienne a montré que dans certaines communautés autochtones, les gens sont plus à risque de contracter la maladie.»

L’urgentologue Alain Vadeboncoeur, de l’Institut de cardiologie de Montréal, a confirmé la rareté de cette pathologie dans son rapport d’expertise. «J’ai parlé avec des collègues cardiologues, et la maladie rhumatismale sans atteinte valvulaire qui atteint seulement le muscle, ils n’avaient jamais vu ça.»

«Le cœur d’un individu de la carrure de Mme Echaquan devrait être de 350 grammes environ, alors qu’ici il faisait le double. La chambre du cœur était dilatée et l’analyse microscopique a montré des zones de fibroses liées à des cellules enflammées», analyse le Dr Fraser.

Ce rhumatisme cardiaque entraîne des maladies vasculaires. «La maladie était plus sévère dans le cas de Mme Echaquan au niveau du cœur.» Le Dr Fraser indique que l’origine de cette pathologie est certainement une infection bactérienne. La réaction des anticorps crée des dommages inflammatoires et de la fibrose sur plusieurs années.

La taille des poumons était elle aussi deux fois plus élevée que la normale. D’après le docteur, cela peut être une résultante de la maladie cardiaque.

«Mme Echaquan présentait un œdème pulmonaire, du fluide et du sang se trouvaient dans les poumons. Cela peut être une pneumonie, mais il n’est pas possible de donner l’origine des fluides. Le plus probable serait de dire que cela provient du côté gauche du cœur qui souffrait d’une insuffisance.» – Dr Richard Fraser

De plus, le docteur a été questionné sur les douleurs thoraciques dont se plaignait Mme Echaquan. «Lors d’insuffisances cardiaques, le sang peut refluer et entraîner des nausées et des douleurs.»

Le corps médical savait que Mme Echaquan souffrait de cardiomyopathie (insuffisance cardiaque) mais l’origine de cette pathologie est difficile à cibler. Toutefois, le Dr Vadeboncoeur explique qu’environ 20% des personnes ayant le gène titine développent une cardiomyopathie, ce qui est le cas chez Joyce Echaquan.

Comment on aurait pu éviter cela ?

Pour le Dr Vadeboncoeur, c’est «la perception de l’urgence» qui est en cause. Les notes prises par le personnel de santé indiquent que Mme Echaquan était «calme» sauf que le professeur soupçonne un coma et une urgence prise en retard.

«Quand j’ouvre la vidéo de Joyce Echaquan, je me dit ”oh my god, elle est morte”» – Alain vadeboncoeur

Un peu plus tard, la patiente est envoyée en réanimation. «Les services de réanimations ont fait ce qu’ils pouvaient mais c’était trop tard.»

Rapports toxicologiques

La neuvième journée des audiences publiques portant sur le décès de Mme Joyce Echaquan a aussi vu la présentation de rapports d’analyses en toxicologie.

D’après le pharmacien-toxicologue, Pierre-André Dubé, la mère de famille atikamekw n’avait pas pris sa médication pour insuffisance cardiaque depuis quelques temps. «Les résultats de l’analyse de digoxinémie sont indétectables. L’on peut envisager qu’elle ne prenait pas sa médication depuis au moins 46 heures.» Toutefois, ce médicament sert essentiellement à réduire le nombre d’hospitalisations à l’année, souligne le pharmacien.

Les deux premiers rapports du chimiste-toxicologue, Anthony Gélinas, ont montré les différentes substances décelables administrées à Mme Echaquan. Les doses révélées sont de nature thérapeutiques. Le spécialiste du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légales précise que selon les analyses qu’il a pu faire, Mme Echaquan n’était pas narcodépendante mais plutôt «fortement médicamentée».

Ces analyses ont été faites à partir de trois matrices biologiques dites classiques dans ce genre de procédures, à savoir le sang fémoral, le sang cardiaque et le liquide oculaire.

Des analyses complémentaires lui ont été demandées par le bureau du coroner, le 7 janvier dernier. Les mêmes échantillons biologiques de sang fémoral et cardiaque ont été utilisés. Les résultats ont décelé de l’Halopéridol (antipsychotique) en concentration thérapeutique, soit 10 ng/ml. «La concentration ne devient toxique qu’au-dessus de 50 ng/ml», explique le chimiste. Dans son rapport d’expertise le Dr Vadeboncoeur souligne que cette substance peut dans de rares cas entraîner de l’arythmie mais il n’en a pas décelé de signe.

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