QUÉBEC – L’opposition a voulu faire montre vendredi d’un front uni en faveur d’un réinvestissement massif en éducation, mais les partis ont rapidement divergé sur les moyens d’y parvenir.
Dans une conférence de presse réunissant les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale, chose rare, le Parti québécois a demandé au gouvernement Couillard de réinvestir en éducation une part du milliard de dollars de surplus budgétaire dégagé depuis le début de l’année. Mais la Coalition avenir Québec s’est dissociée de cette solution, tandis que Québec solidaire a apporté des nuances.
Les trois partis, PQ, CAQ et Québec solidaire, ont rallié à leur effort des coalitions de parents, aussi présentes à la conférence de presse, afin d’exiger un réinvestissement urgent, après les compressions imposées par les libéraux dans les 19 derniers mois. Environ 200 personnes ont également manifesté devant l’Assemblée nationale vendredi midi.
Selon le porte-parole péquiste en éducation, Alexandre Cloutier, il y a maintenant les «marges de manoeuvre» requises pour embaucher des professionnels et du soutien aux enseignants, notamment pour les élèves en difficulté. Il faisait référence au plus récent rapport mensuel des opérations financières du gouvernement qui révélait récemment que l’État a dégagé un surplus de 944 millions $ dans les cinq premiers mois de l’exercice financier.
«Le ministre de l’Éducation sait qu’on se dirige vers un surplus d’un milliard de dollars. Est-ce qu’enfin il va cogner à la porte de son collègue, au Conseil du trésor, de lui demander de se réveiller et de réinvestir pour les enfants qui ont besoin d’aide?» a-t-il déclaré en conférence de presse dans le hall de l’Assemblée nationale vendredi matin.
La Coalition avenir Québec, qui participait à la conférence de presse, s’est toutefois inscrite en faux peu après. Une porte-parole de la CAQ a rappelé que le parti demande aussi un réinvestissement massif, non pas à partir du surplus de 1 milliard $, mais en puisant dans des économies réalisées en effectuant des compressions dans la bureaucratie.
La porte-parole du groupe «Je protège mon école publique», Pascale Grignon, a pour sa part affirmé que les récents attentats de Paris font prendre conscience de l’importance de l’éducation de qualité, qui donne des outils au Québec et aux enfants afin que «la liberté et le respect gardent le dessus sur l’ignorance, la violence et l’injustice».
La députée de Québec solidaire, Françoise David, a lancé un message au ministre de l’Éducation, François Blais, en faisant ressortir l’unité des partis d’opposition et l’urgence d’agir.
«Pourquoi nous sommes ensemble? Parce que nous sommes animés d’un sentiment d’urgence. M. Blais, battez-vous bec et ongles pour l’éducation, pour que tous les enfants du Québec puissent atteindre leur plein potentiel. Chaque enfant a un droit inaliénable à une éducation de qualité», a-t-elle dit.
Cependant, le parti de gauche a aussi tenu à préciser sa position sur les moyens de réinvestir. Québec solidaire a indiqué que puiser dans le milliard de dollars de surplus budgétaire n’est qu’une «solution à court terme». Selon QS, il faut en outre suspendre les versements au Fonds des générations, soit 1,3 milliard $ en 2014-2015, et 1,6 milliard $ en 2015-2016, afin de réallouer cet argent en éducation et dans les secteurs qui vont mal.
Pour sa part, le ministre Blais a affirmé en matinée, dans une interpellation en Chambre, que personne ne lui avait encore fait la preuve qu’il y avait eu un milliard $ en compressions dans les dernières années.
Il a dit qu’il fallait mieux cibler les interventions en faveur des élèves en difficulté, au lieu de dépenser tous azimuts.
Par ailleurs, les commissions scolaires ont fait état vendredi de leurs ennuis financiers. Près des trois quarts d’entre elles ont enregistré un déficit d’exploitation en 2014-2015, pour un total de 47 millions $, a fait savoir la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) dans un communiqué.
De même, leurs surplus disponibles ont fondu, passant de 100 millions à 30 millions $. C’est la preuve, selon la FCSQ, que les commissions scolaires ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour limiter les effets des compressions sur les élèves.