Les producteurs de lait de Lanaudière et d’Outaouais-Laurentides ont manifesté jeudi midi à Saint-Laurent pour demander au gouvernement Trudeau d’encadrer l’importation du lait diafiltré, un concentré de protéines laitières utilisé dans la fabrication de fromages ou de yogourts.
«On est touché des deux façons, en tant que producteur et transformateur qui utilisent juste du lait 100 % québécois», explique Ronald Alary, copropriétaire d’une ferme et d’une fromagerie.
Un convoi d’une quinzaine de tracteurs et d’une centaine de producteurs s’est rendu devant le bureau du ministre des Affaires étrangères et député de Saint-Laurent, Stéphane Dion, sur le boulevard Marcel-Laurin, pour contester ce qu’ils considèrent une concurrence déloyale, principalement en provenance des États-Unis et de l’Europe.
«On ne peut pas importer du lait qui vient de l’extérieur. Mais là, ce sont des produits qui proviennent du lait, retransformés en lait ici, qui passent la frontière sans aucun frais de douane, résume le propriétaire des Fromagiers De La Table Ronde, qui produit des fromages à partir du lait biologique de son troupeau de vaches. Nos coûts sont automatiquement plus élevés ou les autres transformateurs vont être plus compétitifs sur le marché.»
Comme les autres protestataires, il espère que le gouvernement appliquera la loi.
«Nous voulons que les députés montréalais comprennent bien l’importance de cet enjeu», souligne le conseiller aux relations publiques des Producteurs du lait du Québec, François Dumontier.
Discussions
Stéphane Dion était absent, mais les manifestants ont été reçus par son chef de bureau, Jocelyn Decoste, ainsi que par le député de La Prairie et secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Jean-Claude Poissant, également producteur laitier jusqu’à son élection, en octobre.
M. Decoste a précisé que le ministre Dion continuerait d’assurer la défense des producteurs laitiers et qu’Ottawa mettra en place une table de discussion avec eux.
Selon l’Union des producteurs agricoles (UPA), la réaction des fermiers n’est pas surfaite. «Ils ne pourront pas patienter plus longtemps, précise le directeur régional de l’UPA Outaouais-Laurentides, René Ledoux. Les producteurs laitiers perdent 250 M$ à l’échelle canadienne chaque année.»
Les producteurs de lait avaient interpellé le premier ministre Justin Trudeau mercredi, à Trois-Rivières.