Pour lutter contre l’itinérance, le chef d’Ensemble Montréal, Denis Coderre, souhaite mettre en place une «stratégie de santé urbaine» s’il est élu. Parmi les mesures proposées, Ensemble Montréal entend doubler les rangs de deux équipes psychosociales d’intervention du SPVM en itinérance.
Les patrouilleurs de l’Équipe de soutien aux urgences psychosociales et de l’Équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance du Service de police de la Ville de Montréal ont «l’expertise nécessaire pour intervenir auprès des personnes en crise ou vulnérables», a expliqué le parti.
Cette mesure, estimée à 10 M$, vise à «remédier à la judiciarisation des sans-abris» et à permettre une cohabitation harmonieuse.
Le parti entend également augmenter l’offre de wet shelters (refuges qui permettent une consommation d’alcool supervisée). En collaboration avec le gouvernement fédéral, Ensemble Montréal veut mettre sur pied plusieurs projets pilotes pour lutter contre la crise des opioïdes.
Le budget de la Ville consacré à l’itinérance atteindrait 36 M$ en quatre ans. Plus tôt cette semaine, la mairesse Valérie Plante avait présenté le plan de son parti en itinérance. Projet Montréal entend doubler le budget annuel consacré à l’itinérance (à hauteur de 24 M$ en quatre ans).
Besoin de services 24/7
Ensemble Montréal souhaite aussi soutenir les organismes communautaires pour que leurs services soient accessibles 24h sur 24, 7 jours sur 7. Un financement sur trois années, plutôt que sur un an, serait mis en place.
À la mi-janvier, alors que le couvre-feu était en vigueur, un itinérant avait trouvé la mort après avoir été contraint de passer la nuit dehors. Le refuge que Raphaël André fréquentait avait dû fermer ses portes en raison d’un cas de COVID-19. La tragédie avait fait les manchettes partout au pays et participé à la suspension de l’application du couvre-feu aux personnes sans abri.
Pour James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, les mesures 24/7 sont cruciales. Les services doivent aussi être disponibles là où se trouve la clientèle afin que les efforts pour les sortir de la rue puissent porter fruit.
Par ailleurs, le chef d’Ensemble Montréal souhaite mener un nouveau recensement des personnes en situation d’itinérance pour «cibler les besoins».
Enjeux de cohabitation
Sous une administration Coderre, les Sociétés de développement commercial (SDC) du centre-ville et organismes communautaires recevraient une enveloppe de 10 M$ pour «remédier aux enjeux de sécurité et de santé urbaine».
Les enjeux de cohabitation sont de plus en plus nombreux dans l’est, le centre-ville, Milton Parc; nous avons absolument besoin de plus d’yeux, d’épaules, de mains sur le terrain, dans la rue. […] Des gens avec des capacités d’intervention de nature sociale, clinique, pour pouvoir comprendre les obstacles des personnes en itinérance et les accompagner.
James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery
Pour Annie Savage, directrice du RAPSIM, les solutions pour faire face aux enjeux d’itinérance sont multiples, elles demandent un travail à travers un écosystème de solutions. Les équipes du SPVM ne sont pas suffisantes en soi.
On aura beau mettre toutes les patrouilles de police les plus bienveillantes du monde sur le terrain, si on ne travaille pas à mettre en place des réponses adaptées, on travaille dans le vide et on ne fait que déplacer les personnes.
Annie Savage, directrice du RAPSIM
«L’idée de soutenir les groupes communautaires qui peuvent travailler en prévention et en réduction des méfaits, comme les travailleurs de rue, nous apparaît comme un investissement plus judicieux et respectueux des expertises de chacun.»
Du logement et du soutien
En matière de logement, Ensemble Montréal s’engage à construire 1800 logements permanents avec accompagnement sur quatre ans.
Pour Annie Savage, directrice du RAPSIM, cet engagement est positif et nécessaire, mais il demande également un soutien accordé aux groupes communautaires pour «faciliter» le développement de projets en logement.
Les groupes communautaires en itinérance sont bien placés pour développer des projets de logements adaptés, mais il faut que la Ville les soutienne pour qu’il y ait le moins de barrières bureaucratiques possible et qu’ils puissent se concentrer sur l’essentiel, soit répondre aux besoins des personnes qu’ils accompagnent.
Annie Savage, directrice du RAPSIM