Alors que 16 ménages montréalais logent toujours à l’hôtel à l’heure actuelle, l’opposition officielle à la Ville de Montréal, Ensemble Montréal, propose la création d’une «banque de logements» avec l’objectif de céder le bail aux Montréalais dans le besoin.
Le parti déposera une motion allant en ce sens au prochain conseil municipal. Selon Ensemble Montréal, il s’agirait d’une nouvelle solution pour limiter le nombre de familles qui se retrouvent sans logement le 1er juillet.
En effet, une quinzaine de familles logent dans des hôtels en attendant de pouvoir se reloger, dont certaines depuis bientôt huit mois, indique le porte-parole de l’opposition officielle en matière de lutte à la pauvreté et à l’itinérance, Benoit Langevin. L’Office municipal de l’habitation de Montréal (OMHM) souligne toutefois que ce ne sont pas tous des gens qui ont déménagé le 1er juillet dernier.
Selon M. Langevin, cette situation est une preuve que l’administration Plante s’y prend trop tard pour limiter les dégâts. «Non seulement ça a un coût sur la dignité humaine de ces personnes, mais également sur la Ville de Montréal. Les sommes à débourser sont de plus en plus importantes pour l’hébergement temporaire et les autres mesures d’urgence», a-t-il déclaré.
Mardi, l’administration Plante a lancé un projet de certification pour les propriétaires d’immeubles, assorti d’un registre des loyers.
Une démarche en partenariat avec les organismes
C’est dans ce contexte que l’opposition officielle demande la création d’une banque de logements visant à sécuriser des logements pour les locataires vulnérables.
Cette démarche serait réalisée en partenariat avec des organismes communautaires tels que la Mission Bon Accueil et une aide financière leur serait octroyée afin de couvrir les frais associés à ces recherches, précise-t-on.
Benoit Langevin explique que la participation de la Ville de Montréal serait un grand atout pour ces organismes. Elle leur permettrait de mettre la main sur des logements à un prix intéressant sans le risque d’avoir à payer des baux s’ils ne trouvent pas preneurs.
«Le risque financier repose sur les épaules de la Ville de Montréal, mais c’est un risque minime sachant que les besoins sont énormes à Montréal. Cela dit, pour prévenir, nous demandons que l’administration prévoie une réserve d’un million de dollars afin de rembourser le bail du logement s’il demeure toujours sans locataire après le 1er juillet», a ajouté M. Langevin.
Le président-directeur général de la Mission Bon Accueil, Sam Watts, est favorable à l’idée. «Nous pensons qu’être proactif pour aider les personnes qui peuvent avoir de la difficulté à accéder à un logement est une bonne idée. Ce n’est pas partisan. Personne n’est à l’abri de se retrouver dans cette situation quand 63% des gens sont locataires à Montréal. Il suffit d’une ou deux malchances et on se trouve sans logis», a-t-il affirmé.
Selon Ensemble Montréal, cette solution aurait également l’avantage d’aider les Montréalais qui ne se qualifient pas au programme de supplément au loyer.
Près de 400 ménages accompagnés
En 2021, 931 ménages locataires ont fait appel au service de référence de la Ville. Parmi ceux-ci, 392 se sont effectivement retrouvés sans logis et ont dû être accompagnés, indique la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme.
«Le nombre de ménages locataires ayant dû recourir à de l’aide d’urgence l’an dernier et le nombre de ceux qui étaient toujours sans logis en février 2022 illustrent la profondeur qu’atteint la crise du logement à Montréal et l’urgence que le gouvernement du Québec s’en occupe», pense-t-elle.
Quant à l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), il a reçu 800 nouvelles demandes pour des habitations à loyer modique (HLM) depuis un an, selon Mme Laflamme. Sa liste d’attente compte maintenant presque 24 000 ménages, ajoute-t-elle.
«Or, nous avons l’impression que malgré le caractère inacceptable de ces situations, que des locataires doivent être hébergés dans des motels pendant des semaines, que d’autres dans certaines régions dorment dans leur voiture, le gouvernement québécois semble persister dans son indifférence à mettre en place des mesures structurantes», déplore Mme Laflamme.
Le FRAPRU demande 10 000 nouveaux logements sociaux
Le FRAPRU estime cependant que de subventionner les loyers du marché privé n’apporte pas de solution pérenne. «D’une part, ça n’accroît pas l’offre de logements réellement accessibles pour les locataires à faible et à modeste revenus. D‘autre part, les logements disponibles sur le marché sont de plus en plus chers; rien ne semble ralentir leur croissance et des subventions gouvernementales comme le nécessiterait la proposition de l’opposition risqueraient de nourrir cette tendance, au lieu de la freiner», précise Véronique Laflamme.
L’organisme demande plutôt le financement de 10 000 nouveaux logements sociaux dès le prochain budget du gouvernement du Québec, dont 4500 à Montréal. «Pour que la ville dispose d’une banque de logements disponibles pour les ménages sans logis ou à risque de le devenir, il faut absolument développer plus de logements sociaux, rapidement; et pour cela, des investissements de Québec sont indispensables. Or, depuis trois ans, le gouvernement provincial finance la réalisation de nouvelles unités au compte-gouttes», ajoute Mme Laflamme.
Lors de la dernière campagne électorale, le parti de Valérie Plante, Projet Montréal, s’est engagé à construire 2000 nouveaux logements sociaux par année lors de son mandat.