Isabelle Huppert, qui fêtera ses 64 ans après-demain, parle avec Métro de son interprétation du personnage de Michèle Leblanc dans le thriller psychologique Elle, rôle pour lequel a elle a été en lice aux Oscars.
Ayant joué dans plus de 130 films, Isabelle Huppert est une actrice de peu d’expressions. Mais son style n’en retient pas moins l’attention. Dans le long métrage provocateur du réalisateur néerlandais Paul Verhoeven, adapté du roman français Oh…, de Philippe Djian, elle joue une Parisienne qui décide de se venger après avoir été violée. Mais ce rôle est aussi celui d’une femme d’affaires cynique, à l’humour noir, qui tend vers l’excès, suscitant quelques critiques au sein du mouvement féministe.
Parlez-nous de votre rôle…
Michèle est une femme brillante qui occupe un poste de direction dans un univers de jeunes : elle travaille dans le milieu des jeux vidéo. Son père, un tueur en série, est en prison, et sa mère est une femme âgée lubrique. C’est aussi l’ex-femme d’un écrivain raté et la mère d’un fils immature. Je dirais qu’Elle ne glorifie ni ne justifie le viol. Michèle n’aime tout simplement pas attirer l’attention mais, d’un autre côté, elle cherche aussi le pouvoir et son propre plaisir sexuel.
Quel a été votre sentiment à la lecture du scénario?
J’ai eu des frissons. On m’a dit que quatre actrices américaines avaient refusé le rôle. Je crois que la meilleure vertu de Michèle Leblanc, c’est qu’elle marche à l’instinct, à l’aveugle. Elle a eu une enfance difficile. Le comportement de ses parents l’a poussée à mûrir rapidement. Et en fin de compte, elle n’a plus peur de rien.
Paul Verhoeven dit que vous sortez de l’ordinaire…
Je suis accro au jeu d’actrice. Beaucoup pensent que je suis mystérieuse, pas vraiment expressive. Ils ne savent pas déchiffrer quand je suis heureuse et quand je suis triste. En réalité, j’aime m’abandonner dans mes rôles. Je m’imprègne tellement de mes personnages que, lorsqu’une scène est finie, j’ai de la difficulté à sortir de mes émotions. J’aime la complexité. Je ne plaisante pas avec un rôle, j’aime le dominer.