Venue pour parler de sa décision de ne pas imposer les taxes de vente aux produits du géant américain Netflix, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, s’est retrouvée en territoire hostile, dimanche soir sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP).
L’animateur Guy A Lepage a lancé le bal en indiquant que Netflix avait eu «un bon deal» en ayant seulement à investir 100M$ par année dans du contenu canadien, car en contribuant au fonds des médias aux mêmes règles que les câblodistributeurs, ils auraient dû verser 233M$ par an.
«Je ne sais pas où vous prenez vos chiffres», a rétorqué la ministre, se vantant à maintes reprises d’être le «premier pays» à avoir réussi à ce que Netflix investisse dans une compagnie de production locale.
Mme Joly a martelé que «le fait de taxer Netflix équivaut à taxer le citoyen» et que son gouvernement ne voulait pas «augmenter les taxes», un argument que tous les autres invités sur le plateau se sont acharnés à démonter.
«Ce que vous êtes en train de dire, c’est que si j’achète un documentaire sur Tou.tv ou illico, je paye ma TPS et ma TVQ, et que si je l’achète sur Netflix, vous leur donnez un congé fiscal. Les entreprises canadiennes sont défavorisées face à une entreprise américaine», a d’abord lancé le journaliste économique Gérald Fillion, avant de questionner pourquoi on ne donnerait pas un congé fiscal à tou.tv et à illico.
«Pourquoi ce qui est bon pour minou n’est pas bon pour pitou», a renchéri la productrice Julie Snyder.
Le comptable et animateur Pierre-Yves McSween a avancé de son côté que ne pas imposer les taxes sur Netflix ne «respecte pas la loi de base». Il a comparé l’entente du gouvernement à un congé fiscal qu’obtiendrait une compagnie de «McSween burgers», «qu’on ne la taxerait pas parce qu’elle nous a garanti qu’elle achèterait pour 500 M$ de bœuf canadien».
Selon la ministre Joly, ce n’est «pas du tout la même chose». Elle s’est dite «convaincue qu’on a eu une très bonne entente». Cette dernière a également ajouté qu’elle participait à des «discussions internationales sur comment on gère la taxation des plateformes numériques».
«Vidéotron n’est pas un câblodistributeur»
Un des moments difficiles pour la ministre a été quand elle a soutenu, à tort, que «Vidéotron ne contribu[ait] pas au Fonds des médias du Canada» et que «Vidéotron [n’était] pas un câblodistributeur». Une information aussitôt démentie par un bandeau à la télévision et par Gérald Fillion. «Ces entreprises participent à la production canadienne et paient les taxes», a rétorqué le journaliste.
Mme Joly a ensuite rectifié le tir prétextant qu’elle parlait du volet internet de Vidéotron puisqu’il s’agit d’une entreprise de télécommunication.