Les séries criminelles ont la cote depuis quelques années tant à la télé (Making a Murderer) qu’à l’audio avec des baladodiffusions comme Serial.
Dans la plupart des cas, on accroche l’auditoire avec une enquête ou un crime à élucider et les épisodes s’articulent autour d’une accumulation de preuves et de détails menant à un ultime verdict ou une porte ouverte sur une conclusion qui n’est pas la même que celle du système judiciaire.
L’enquête, le suspense et le mystère sont ainsi la locomotive. Mais qu’arrive-t-il lorsqu’on offre un micro à des meurtriers qui ne nient pas leurs crimes et attendent la mort lors d’une longue incarcération?
C’est l’expérience qui nous propose la nouveauté de Netflix, I Am A Killer. Avec dix épisodes portant chacun sur un résident des couloirs de la mort aux États-Unis, la série nous transporte rapidement dans des récits à glacer le sang avec les mots et le vécu de ces hommes qui ont tué et qui seront, à leur tour, exécuté par le système pénal.
Rapidement, la production laisse le jugement entre les mains du téléspectateur. Il n’y a pas, lors des épisodes, de prises de position par rapport à l’existence même de la peine de mort. On présente les meurtriers, les familles des victimes et des intervenants du système carcéral sans tirer de conclusion claire et définitive. L’idée n’est pas d’exonérer ces hommes ou de les rendre sympathiques, au contraire, on nous présente un amalgame d’émotions où le «bien» et le «mal» se fondent l’un à l’autre.
C’est fascinant.
Il y a quelques années, le cinéaste Werner Herzog nous présentait son documentaire Into the Abyss sur la vie de deux hommes résidant dans le couloir de la mort. I Am A Killer reprend un peu là où avait laissé Herzog en développant plus d’histoires, plus de cas et plus de nuances.
On parle ici d’une série sur de véritables crimes, sans toutefois chercher à les comprendre, les excuser ou les élucider. Nous sommes dans l’étalage et dans l’exploration pure et dure de la psyché d’hommes qui ont, pour de multiples raisons, pris la vie d’un autre.
Ce n’est pas pour tout le monde et certains passages vous marqueront de par leur froideur, mais il y a dans cette série quelque chose de captivant sur la nature de l’homme et sa relation à l’autre.
À voir.