L’acteur, producteur et humoriste Michel Courtemanche s’est confié dimanche, sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP), à propos du syndrome de bipolarité qui l’a conduit vers des crises d’angoisse et des psychoses au courant de sa carrière. Sa nouvelle biographie, Face à Faces, écrite par Jean-Yves Girard, dresse le portrait d’une carrière en dents de scies.
Plus jeune, l’humoriste qu’il était a connu beaucoup de succès à l’extérieur du Québec, ce qui l’avait même conduit à l’époque vers une tournée en Europe. Or, Juste pour rire et son agent personnel, François Rozon, étaient à l’époque au courant de sa maladie, a affirmé dimanche M. Courtemanche.
«Je les ai mis au courant, mais ça ne s’est jamais vraiment rendu, je dirais. Une fois, je me souviens, j’étais à bout, je n’étais plus capable de faire quoi que ce soit. Et on m’a convaincu que si je décidais de lâcher, je le regretterais et qu’il serait trop tard.» – Michel Courtemanche
À ce moment, a-t-il ajouté, Michel Courtemanche disait oui sans trop y penser. «J’avais choisi de continuer, plutôt que de suivre mon instinct. Je disais oui à tout. Quand t’es bipolaire et que t’es dans un high, dans une phase maniaque, tu dis oui à tout. Mais quand tu dois exécuter des contrats et que t’es sur un down, ça ne va pas bien du tout.»
Son agent François Rozon aurait, pendant ce temps, carrément abusé de ses moyens, aux dires de l’acteur. «Il prenait 50% sur tout ce que je faisais. Je peux comprendre que dans un contexte de production, on sépare les profits. Mais dans un cadre comme ça avec un agent, c’est habituellement 10 à 15%. Et là, c’était trop, sur n’importe quoi, allant jusqu’à mon cachet de réalisateur sur Caméra café.»
«Il disait que ça venait de tout ce qui découlait de la scène. Mais quand j’ai arrêté la scène, il a continué à me prendre 50%», a-t-il ajouté à ce sujet.
Tard en soirée, dimanche, à peine quelques minutes après la diffusion de TLMEP, François Rozon a réagi aux propos de Michel Courtemanche, qui n’a pas souhaité lui donner la parole dans sa biographie. L’agent estime que les propos de l’humoriste sont «blessants» et surtout «sans fondement».
«Michel et moi étions complices, amis et partenaires d’affaires, d’égal à égal, a-t-il expliqué dans un communiqué qui a été envoyé aux médias. Malheureusement, les souvenirs de Michel sont erronés, autant pour les aspects humains, que financiers.»
«J’ai été témoin des maladies dont souffre et parle Michel, a-t-il ajouté. J’ai essayé de l’aider du mieux que je pouvais à l’époque avec l’expérience de vie que j’avais. Je lui ai suggéré plusieurs maisons de thérapie, ai été l’un des seuls à le visiter et à l’aider à réorganiser sa vie à sa sortie. J’ai toujours pensé qu’il avait la force de s’en sortir. Je regrette aujourd’hui, sans doute comme tous ceux qui l’entouraient à l’époque, de ne pas avoir décelé plus tôt la source de ses problèmes.»
Des crises de panique récurrentes
À plusieurs reprises, lors de sa carrière, Michel Courtemanche avoue avoir été pris de crises de panique dans sa loge, avant ses spectacles. Un soir, cela s’est même produit sur scène. «Je n’avais pas pris ma médication, et ça, c’est addictif. J’avais décidé de laisser tomber, parce que ça m’empoisonnait le corps, mais ce n’était pas la bonne décision.» Il a dit avoir donné «de la bouette et de la vieille soupe» au public ce soir-là.
L’acteur Claude Legault a affirmé, par le passé, avoir eu peur que Michel Courtemanche se tue, «qu’il nous fasse un Dédé Fortin». «Oui, ça m’est arrivé deux fois de vouloir passer à l’acte, a avoué le principal intéressé en ondes. T’as tellement mal en-dedans que tu ne sais pas ce que t’as, mais tout va mal. C’était pas mon genre en plus, dans le temps, de m’ouvrir la trappe.»
En 2012, après que le producteur du Bye Bye Louis Morrissette l’a contacté pour lui offrir un rôle dans la distribution de la revue mensuelle de l’actualité, M. Courtemanche affirme avoir ressenti une profonde crise d’angoisse. Il a même suivi des cours privés avec l’imitateur Pierre Verville à plusieurs reprises avant de se lancer dans l’aventure.
À l’exception peut-être du Bye Bye, Michel Courtemanche a reconnu qu’à la télévision, «ça n’a jamais marché» pour lui. «Les gens n’aimaient pas ça. J’étais fait pour la scène, that’s it.»
Et si?
Michel Courtemanche serait-il encore humoriste aujourd’hui, si ce n’était pas de la bipolarité? «Je pense que oui, a-t-il avancé. Si j’avais eu des caméras et les téléphones intelligents en Europe, peut-être que je ferais encore des tournées. Mais à l’époque, j’étais tout seul là-bas. Ma blonde et mes amis étaient à Montréal.»
Aujourd’hui, l’acteur se dit «toujours heureux». Il déclare avoir découvert, avec la vie, que le bonheur se situe toujours à l’intérieur de lui.
«La seule affaire, c’est que parfois, ce bonheur est enseveli d’un paquet de problèmes, de pensées et de négations. Mais ce bonheur ne me quittera jamais.» – Michel Courtemanche
À l’heure actuelle, le principal intéressé indique écrire et produire beaucoup. «J’ai plein de projets que je pousse en même temps, autant devant que derrière la caméra», a-t-il noté. Questionné à savoir si on pourrait bientôt le revoir dans nos petits écrans, il s’est fait clair. «J’aimerais que le téléphone sonne plus souvent. J’ai le goût de travailler et de faire des affaires.»
En France, c’est le numéro d’humour «Le batteur» qui a propulsé la carrière de Michel Courtemanche en tant qu’humoriste.