Madrid est à l’honneur cette semaine au cinéma, apparaissant comme toile de fond de l’excellent Douleur et gloire de Pedro Almodovar et comme décor enchanteur du langoureux La virgen de agosto de Jonas Trueba, qui est présenté ce samedi au Festival du nouveau cinéma.
En cette période froide et humide, il est légitime de vouloir se réchauffer dans la capitale espagnole. Surtout pendant la canicule d’août, à suivre les déambulations d’une femme (Itsaso Arana, impeccable) qui se pose plein de questions sur la vie, son avenir et la maternité. Une quête existentielle et universelle qui est un peu aussi la nôtre.
«Je voulais faire un film sur l’identité parce que je me cherche moi-même», explique en entrevue son réalisateur Jonas Trueba, lors de son premier passage à vie au Canada.
Empreint de mysticisme («je crois que c’est Tarkovski qui a dit que tous les films devaient avoir un mystère»), le scénario finement écrit se heurte à la vie quotidienne, donnant une mixture particulièrement authentique.
«J’aime beaucoup penser le cinéma comme un dialogue que tu peux faire avec les autres films et cinéastes qui étaient là avant toi.» – Jonas Trueba, réalisateur de La virgen de agosto.
«J’aime beaucoup travailler dans l’instant avec mes acteurs, mon équipe, la vérité du moment», admet le cinéaste de 37 ans.
Oeuvre d’errance solitaire et de fortuites rencontres charnières, La virgen de agosto se cimente autour d’échanges, où les gens se parlent directement en se disant les vraies affaires. Une donnée de plus en plus rare.
«C’est très beau de filmer des gens qui discutent, avoue celui qui affectionne les créations d’Éric Rohmer, de Jonas Mekas et d’Edward Yang. C’est intéressant de faire un mélange entre les scènes qui sont très dialoguées et celles d’intimité. Il y a beaucoup de cinéma qui utilise seulement l’un ou l’autre. Mais le silence est plus important quand il y a des conversations et vice-versa.»
Cela dote le récit d’un rythme évanescent qui semble figer le sablier du temps, ouvrant une brèche vers une sérénité salvatrice.
«Je voulais faire un film tranquille, avec une autre forme temps, développe celui qui en est à son cinquième long métrage. Le temps qui passe, c’est la matière principale du cinéma et surtout de ce film. À l’été, le temps s’arrête d’une certaine manière. Aujourd’hui, tout va trop vite, tout est trop rapide. Ce film permet une tranquillité, une autre manière d’être dans le monde.»
Un sentiment qui développe une mélancolie que seul le septième art peut procurer dans sa pureté la plus totale.
«Je crois que le cinéma est de nature mélancolique, d’une manière profonde et existentielle, maintient Jonas Trueba. Le cinéma est un travail avec le temps, les souvenirs. Un travail indirect avec des choses qui depuis disparaissent. Mais dans le film, on peut capter ces moments et ces traces de vie afin de les immortaliser.»
Présenté le 19 octobre au Festival du nouveau cinéma.