Culture

Les Oscars «parasités»

92e Oscars

Bong Joon-ho

Le film sud-coréen Parasite est passé à l’histoire en devenant la première œuvre dans une autre langue que l’anglais à remporter l’Oscar du Meilleur film.

À l’image de ses protagonistes qui envahissent peu à peu la maison d’une famille bourgeoise, le film de Bong Joon-ho a envahi peu à peu cette 92e soirée des Oscars pour en ressortir avec quatre prestigieuses récompenses: celles du Meilleur film, du Meilleur scénario original, du Meilleur réalisateur et du Meilleur film international.

Le cinéaste était déjà complètement ébahi en montant sur scène pour la troisième fois lorsqu’il a été sacré Meilleur réalisateur, lui qui se disait «prêt à boire» à la fin de son deuxième discours. «Après avoir gagné le Meilleur film international, je pensais en avoir fini pour la soirée et j’étais prêt à me détendre!» a-t-il blagué.

Il avait même réitéré son intention de faire la fête après avoir rendu un touchant hommage à ses confrères Martin Scorsese et Quentin Tarentino, nommés à ses côtés: «Merci, je vais boire jusqu’à demain!»

Son équipe et lui sont finalement remontés sur scène pour une quatrième fois, le temps de marquer l’histoire des Oscars.

Cette rafle de la plus récente Palme d’or à Cannes a éclipsé les films qui étaient pressentis pour gagner, dont 1917 et Once upon a Time… in Hollywood, qui ont dû se contenter de quelques prix secondaires.

Parmi les quatre acteurs récompensés hier soir, trois ont reçu leur premier Oscar, soit Joaquin Phoenix (Joker), Brad Pitt (Once upon a Time… in Hollywood) et Laura Dern (Marriage Story). Renée Zellweger (Judy) en est quant à elle à son deuxième.

Joaquin Phoenix a livré un long discours enflammé en faveur du mouvement végétalien. «Les humains sont si inventifs, créatifs et géniaux. Si on utilise l’amour et la compassion comme principes pour nous guider, on peut implanter des changements qui bénéficieront à l’humanité et à l’environnement.»

Renée Zellweger a pour sa part rendu hommage à Judy Garland, qu’elle a interprétée au grand écran. «Miss Garland, vous faites certainement partie des héros qui nous unissent et nous définissent, et ce prix est certainement pour vous.»

Soulignons que la Montréalaise Meryam Joobeur, nommée pour son court métrage Brotherhood, est repartie bredouille.

«Il était une fois à Hollywood… N’est-ce pas la vérité?» -Brad Pitt, qui a remporté son premier Oscar pour Once upon a Time… in Hollywood.

Soirée drôle et féministe

À défaut d’avoir été représentées du côté de la réalisation, les femmes ont été célébrées à plusieurs occasions tout au long du gala. À commencer par l’ouverture musicale de la rayonnante Janelle Monáe, qui a déclaré vouloir célébrer «tous les artistes incroyables dans cette pièce et toutes les femmes cinéastes».

Juste après, Steve Martin et Chris Rock ont nommé ce qu’il manquait réellement parmi les nominés dans cette catégorie: «Des vagins!»

Les deux humoristes ont temporairement porté le chapeau d’animateurs de cette soirée qui n’en a plus depuis deux ans, le temps de livrer un cinglant numéro d’ouverture que Ricky Gervais n’aurait pas renié. Ils y ont notamment écorché le PDG d’Amazon Jeff Bezos en plus d’y aller de quelques critiques sociales.

Avec une savoureuse ironie, Chris Rock a rappelé le chemin parcouru: dans les années 1920, aucune personne noire n’était nommée aux Oscars. En 2020, il y en a eu une – l’actrice Cynthia Erivo.

Les remerciements ont été d’autres occasions de promouvoir la diversité. En début de soirée, l’équipe du court métrage d’animation Hair Love a souligné l’importance de se sentir représenté dans les œuvres.

Le cinéaste néo-zélandais d’origine maorie Taika Waititi a quant à lui dédié son prix pour le scénario de Jojo Rabbit aux jeunes Autochtones de partout dans le monde qui veulent faire de l’art.

On s’est mobilisé, mais on s’est surtout bien amusé au cours de ce gala, notamment pendant la présentation des toujours hilarantes Maya Rudolph et Kristen Wiig, qui ont montré l’étendue de leur talent d’actrice avec beaucoup d’humour.

Julia Louis-Dreyfus et Will Ferrell nous ont tout autant déridés en décrivant les métiers de monteur – «ce sont eux qui coupent toutes nos répliques. […] Le film devait s’appeler Ford v Ferrari v Ferrell», a lancé ce dernier – et de directeur photo, «cette personne qui amène à manger sur le plateau», a dit sa collègue.

Bon joueur, le récipiendaire de ce dernier prix, Roger Deakins (1917), a mentionné qu’il est «assez bon cuistot».

Parmi les bons coups, on lève notre chapeau à l’impressionnant rap improvisé d’Utkarsh Ambudkar.

Sinon – autre surprise! – Eminem nous a fait faire un voyage dans le temps… en 2002! Le rappeur a interprété Lose Yourself, son hit du film 8 Mile. Signe que sa chanson a marqué les esprits, les convives connaissaient les paroles par cœur. Mais on se demande encore pourquoi il était là…

Les principaux lauréats de la 92e édition des Oscars:

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