Le réalisateur Éric Lartigau interroge notre présence au monde dans la comédie existentielle #JeSuisLà.
Éric Lartigau a rencontré la gloire en 2014 à la sortie de La famille Bélier. Un film phénomène qui a remporté plus de 7,45 millions d’entrées en France seulement. Cela lui a toutefois pris six ans avant de pouvoir réaliser à nouveau. Une réussite qui a été difficile à gérer.
«Vous n’avez pas le droit de vous plaindre, mais ça fout un cafard, confie-t-il en entrevue, rencontré dans le cadre des Rendez-vous du cinéma français à Paris. Tout d’un coup, les gens dans la profession vous foutent une pression.»
Du récit nostalgique campé à la campagne, le voilà mordre dans la modernité avec #JeSuisLà, une histoire bien de son époque sur un restaurateur français (Alain Chabat) qui retrouve l’amour par le biais des réseaux sociaux.
«Je voulais explorer la manière dont vous croyez être dans une vérité, explique le cinéaste quinquagénaire, qui signe ici son sixième long métrage. Ce garçon est un peu à côté de la vérité, de la réalité. Et on peut vivre comme ça, surtout lorsqu’on est prisonnier du vortex du travail.»
Le protagoniste croit enfin pouvoir laisser derrière lui sa solitude et obtenir une deuxième chance dans son existence lorsqu’il s’envole vers la Corée du Sud pour rejoindre sa nouvelle flamme… qui brille par son absence, le laissant poireauter à l’aéroport.
Pomme Z
Une fiction qui s’inspire d’un fait réel. «Arrivé en Corée du Sud, j’ai eu un dîner avec l’ambassadeur qui m’a dit qu’il y avait des cas comme ça de personnes occidentales qui viennent dans des pays asiatiques pour retrouver l’âme sœur, se rappelle le réalisateur. On les retrouve errant, complètement paumés et ils sont rapatriés.»
C’est ironiquement dans ce pays dont il ne comprend ni la langue ni la culture que le héros va finir par créer des liens, à entrer en communication avec les autres.
«Il fait une sorte de reboot de sa vie, développe celui qui a écrit le scénario en quatre mois en compagnie de Thomas Bidegain (fidèle collaborateur de Jacques Audiard). Tu enlèves tout ce que tu as eu, tous les repaires et maintenant tu vas écouter et recevoir avec une nouvelle signification.»
Un des charmes de #JeSuisLà est également la présence d’Alain Chabat, plus sobre et convaincant que jamais.
«Ce que j’adore chez Alain et qu’on retrouve chez Jacques Tati, c’est cette espèce de stature très adulte, très mature, très masculine, et à la fois totalement enfantine, fait remarquer celui qui l’avait dirigé auparavant dans Prête-moi ta main et Mais qui a tué Pamela Rose. Il y a une poésie qui ne peut pas s’inventer, qui fait partie de lui.» ()