Une star planétaire qui a vieilli et veut croire en «la rédemption». À l’approche de la soixantaine, George Clooney signe avec Minuit dans l’Univers, en ligne mercredi sur Netflix, une fable apocalyptique toute indiquée pour enterrer l’année 2020.
Oublié le vendeur de dosettes de café le plus sexy du monde. C’est esseulé et souffreteux, barbe grise sur un visage qui commence à être marqué par les ans, que George Clooney s’amuse à apparaître dès les premiers plans du film, qu’il a réalisé et produit.
Ce long-métrage de 2H15 est le septième en tant que réalisateur de l’Américain, qui n’a plus rien à prouver devant la caméra. Sa trame est classique : pèchant d’orgueil, l’humanité a empoisonné l’air et dévasté la Terre. Les survivants se sont réfugiés dans des souterrains. Le futur de l’humanité repose sur une poignée d’hommes et de femmes.
Dans l’espace, l’équipage d’une navette spatiale, de retour vers la Terre après des années de mission et que personne n’a informé de la catastrophe qui a rendu la planète inhabitable. Sur Terre, seul à rester dans une base scientifique polaire désertée, un scientifique, George Clooney. Le vieux sage tente de prendre contact avec les survivants et de sauver ce qui peut l’être.
Le film se veut quelque part entre Le Revenant, odyssée de survie et de vengeance dans l’Ouest américain, d’Alejandro González Iñárritu, et Gravité, d’Alfonso Cuarón, avec Clooney, qui avait renouvelé la façon de filmer l’apesanteur. Le tournage des scènes polaires, en Islande, au milieu des tempêtes de neige, a été rude. Le vaisseau spatial, lui, a été reconstitué en studio.
Plus optimiste que prévu
A 59 ans, quinze ans après Good Night and Good Luck, film en noir et blanc sur la fin du maccarthysme, le réalisateur connu pour ses engagements humanitaires au Darfour aux côtés de son épouse, l’avocate Amal Clooney, brosse un futur très sombre pour l’humanité.
«Au début, lorsque nous parlions de ce film, c’était à propos de ce que l’homme peut infliger à l’homme et à l’humanité. La colère, la haine et tout (…) ce qui pourrait d’une façon ou d’une autre nous conduire à tout gâcher, dans les grandes largeurs», a-t-il expliqué en conférence de presse.
Mais «après le tournage, est arrivée la pandémie», a-t-il poursuivi. «C’était alors clair que la vraie histoire du film, c’était notre besoin absolu d’être chez nous, près des gens qu’on aime et en communication avec eux».
À en croire l’équipe, un heureux évènement a transcendé le film : pendant le tournage Felicity Jones, qui joue l’un des membres de la mission spatiale, a annoncé sa grossesse.
«On a d’abord essayé de le nier, de faire comme si de rien n’était», a raconté George Clooney. «Et puis, on s’est dit que la meilleure façon de faire c’était de l’accepter, de ne pas voir ça comme un problème».
Le bébé à naître «est devenu un personnage pour nous et l’équipage du vaisseau est devenu une famille», a-t-il ajouté. Dans le film, ces naufragés de l’espace «attendent un signe de vie de l’extérieur et le seul signe de vie, finalement, vient de l’intérieur, de Felicity».
Résultat, Minuit dans l’Univers, est « bien plus optimiste que prévu ». «C’est un film sur le regret mais il y a de la rédemption et c’est une des choses qui nous donne de l’espoir. C’est un film plein d’espoir», a-t-il conclu.