La photographe Meryl McMaster investit le Musée McCord avec une exposition d’art contemporain inédite et forte de curiosités, Il fut un chant. Notre journaliste a pu la découvrir en avant-première lors d’une visite guidée .
Bercé par une ritournelle d’oiseaux, le visiteur s’immerge dans Il fut un chant en découvrant d’abord quelques oeuvres soigneusement mises en lumière par Meryl McMaster, Canadienne d’origines nêhiyaw (Crie des Plaines), britannique et néerlandaise. Toutes proviennent des collections des arts décoratifs du Musée McCord, et à la surprise d’Hélène Samson, conservatrice, aucune photographie n’y apparaît.
On y voit plutôt des plantes séchées et animaux – essentiellement volatiles – naturalisés sous plusieurs cloches de verre. Un peu comme si la vie et la mort s’étaient figées au même instant, «une scène qui n’en finit pas» décrit elle-même l’artiste.
Et c’est bien cette dualité qu’explore Meryl McMaster avec ses créations. À partir de cette faune et de cette flore venues d’une autre époque, elle a en effet imaginé et expérimenté trois nouvelles installations artistiques baignées de poésie. Vie et mort, peurs et amour, réalité et numérique… autant de thèmes qui nous amènent à réfléchir sur l’emprise des humains sur la nature au fil du temps.
«À quel point voulons-nous la contrôler? Pourquoi nous accrochons-nous au passé?», s’est-elle ainsi demandé, y voyant un lien avec la crainte de perdre notre connexion avec l’Histoire.
«Meryl [McMaster] est une artiste visuelle émergente exceptionnelle dont la réflexion et le travail de création sont toujours percutants. Il fut un chant reflète à merveille sa démarche créative, et est une réelle invitation à l’introspection sur notre rapport à la nature.» – Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction du Musée McCord
Meryl McMaster, artiste contemporaine
«Ces objets que j’ai choisis m’ont aussi fait penser au processus de collection et de contrôle des cultures des autres», affirme également Meryl McMaster. Elle fait notamment référence aux cultures autochtones, qui ont bien longtemps été montrées dans des musées d’histoire naturelle. «Comme si elles faisaient partie de la nature, et non pas du mouvement social. C’est étonnant», précise Hélène Samson.
Pour la conservatrice, Il fut un chant peut aussi se révéler en tant que prise de conscience collective grâce à une mise en abîme. «Les cloches de verre sont des petits musées en soi, car ce sont des objets que l’on veut conserver et protéger. Elles sont comme une espèce de métaphore du musée, qui lui-même collectionne les objets pour les conserver. Mais bien sûr, chacun pourra interpréter l’exposition selon ses propres émotions.»
«Meryl McMaster présente cette exposition dans un cadre d’art contemporain. Elle ne pose pas un problème particulier aux Autochtones», souligne par ailleurs Hélène Samson.
«Il est important pour le Musée de présenter des artistes autochtones, dont les créations sont universelles, et d’insister sur la distinction avec l’art autochtone.» –Hélène Samson, conservatrice
«Il s’agit d’une artiste extraordinaire qui a su questionner son identité depuis ses débuts. L’une de ses photographies a même été publiée dans un récent numéro de Vogue», poursuit-elle.
Enfin, rappelons que Meryl McMaster participe avec Il fut un chant au programme d’artistes en résidences du Musée, qui existe depuis 2012. Il a pour objectif de proposer de nouvelles façons d’interpréter l’histoire.
L’exposition est présentée du 2 avril au 15 août au Musée McCord