L’été est bel et bien derrière nous, mais il ne fait que commencer pour Joséphine, l’héroïne du nouveau roman de Sarah-Maude Beauchesne. Au lac D’Amour est un récit sur le désir, l’amitié et les grands petits drames d’été.
Au plus creux de la deuxième vague de la pandémie, Sarah-Maude Beauchesne a senti le besoin de s’évader par l’écriture. «J’étais un peu déprimée, comme tout le monde. J’avais donc envie d’écrire un livre lumineux et tendre», raconte-t-elle en entrevue.
L’écrivaine fait vivre un tout autre type de confinement – pas mal plus excitant! – à sa protagoniste de 20 ans. Joséphine passe l’été au manoir de la famille D’Amour. Engagée comme aide-ménagère, elle vivra de grandes émotions, comme son autrice sait si bien les décrire, dans la bulle luxueuse et enchanteresse de la famille située en bordure d’un lac.
C’est un retour aux sources pour la jeune femme, qui, dans son enfance, passait ses vacances estivales avec Colin, Matisse et Luca. Des années plus tard, les frères D’Amour ont grandi, ce qui brouille les rapports entre eux et la protagoniste.
Le désir dans tous ses états
Oui, l’été sera chaud pour Joséphine, au sens propre comme figuré. «Je voulais surtout célébrer le désir au féminin, explique Sarah-Maude Beauchesne. C’est un sujet dont on ne m’a pas assez parlé quand j’étais jeune. C’était important pour moi que ce soit au centre de la quête de mon personnage.»
Au fil du récit, on est dans les pensées de Joséphine, parfois au «je» lors de passages écrits comme un journal intime. En faisant vivre aux lecteurs le désir parfois «intense-étrange», parfois «fulgurant» de la protagoniste, l’autrice a écrit le roman qu’elle aurait voulu lire elle-même à un plus jeune âge.
«Je ne me rappelle pas avoir lu un livre dans lequel on parlait d’orgasme, de masturbation, de désir… Je n’ai jamais lu un livre où un personnage principal féminin était sexuellement libre sans ressentir de la honte», déplore-t-elle.
C’est important pour moi quand j’écris d’être hyper authentique, d’être dans la vérité des sentiments, des sensations, des désirs.
Sarah-Maude Beauchesne
Joséphine vit différents types de rapprochements avec les trois frères, mais aussi avec Zoé, un personnage féminin avec qui elle développera une amitié précieuse, mais ambiguë.
Il aurait été impensable pour l’autrice de ne pas aborder son thème de prédilection: l’amitié entre femmes. «C’est hyper important pour moi de parler de solidarité féminine, je le fais depuis plusieurs années, même si j’ai toujours eu de la misère, quand j’étais ado, à avoir des amitiés féminines saines.»
Joséphine et Sarah-Maude
Joséphine est une jeune fille qui «carbure à la liberté» et «aux remises en question». Elle embrasse ses contradictions: elle est féministe, mais toujours attirée par des gars qui la déçoivent; elle est parfois complexée par son apparence, mais elle prône l’acceptation de soi. Bref, elle est parfaitement imparfaite.
Un personnage qui ressemble à son autrice, même si Sarah-Maude Beauchesne souhaitait s’éloigner de l’autofiction. «On dirait que je ne peux pas y échapper! lance-t-elle en riant. Cet aspect de la personnalité de Joséphine, c’est entièrement moi. Je suis vraiment une femme intransigeante, mais je me laisse changer d’idée sans me juger.»
Joséphine est aussi une jeune femme bien de son temps: elle est végétarienne et souffre d’écoanxiété. Bien qu’elle passe l’été dans la «tour d’ivoire» de la famille D’Amour, ses préoccupations sociales demeurent présentes. Ce qui allait de soi pour l’autrice.
«Si j’avais 20 ans aujourd’hui, je serais plus libre en tant que femme – ce qui ferait vraiment mon affaire! –, mais je souffrirais aussi de la lourdeur de l’époque et du fardeau de l’écoanxiété, dit-elle. Les jeunes adultes sont davantage engagés et ouverts, c’était important pour moi de transposer cette réalité à mes personnages pour ne pas avoir l’air d’une madame de 31 ans qui écrit un livre sur des jeunes de 20 ans.»
Parlant de jeunes adultes, c’est eux que souhaitent rejoindre les Éditions de la Bagnole avec ce roman. Dans leur communiqué de presse, il est précisé qu’Au lac D’Amour «s’adresse aux lecteurs qui se sentent déjà trop vieux pour les histoires d’ados».
Ce à quoi Sarah-Maude Beauchesne apporte un bémol. «On est obligé en tant qu’auteur de catégoriser nos écrits, chose que je déteste! J’espère que des femmes de 40, 50 ou 60 ans vont lire ça avec nostalgie et j’espère que des filles de 14 ans vont lire ça avec curiosité.»
Fourchette de retour en novembre
On pourra bientôt voir Sarah-Maude Beauchesne dans la troisième saison de la websérie Fourchette, adaptation du populaire blogue qui l’a fait connaître. En entrevue, l’autrice et comédienne révèle que cette saison sera plus personnelle que jamais. «Mon personnage est très proche d’où je suis à l’heure actuelle. J’aborde des sujets qui m’habitent aujourd’hui, dans le moment présent. Je parle de maternité, de féminisme et de fluidité. C’est ma saison la plus mature et la plus actuelle.»