Nous avons croisé Nimo à son poste de travail habituel, au croisement de deux rues de la Petite Italie où, le temps d’un feu rouge, il divertit les automobilistes, été comme hiver.
Depuis quand quêtez-vous aux feux rouges?
Je ne quête pas! Je passe le chapeau. Je fais ça depuis déjà 10 ans. J’ai commencé au cours d’un voyage en Italie. J’avais appris que c’était une pratique commune en Amérique du Sud. Mais je ne voudrais pas faire ça toute ma vie. Jongleur aux feux rouges, c’est pas super valorisant. C’est sûr que j’aimerais mieux jongler pour le Cirque du Soleil, mais j’ai été refusé.
Gagnez-vous bien votre vie?
Je paye mon loyer; je n’ai jamais eu de travail à côté, mais je bénéficie aussi de l’assistance sociale. C’est sûr que certains jours, je peux faire un bon salaire horaire, mais c’est toujours dur de gagner sa vie comme artiste. L’autre jour, un policier m’a donné des amendes qui s’élevaient à 1280$. Mais je les ai contestées.
Ce que vous faites, c’est pas légal, hein?
Non, c’est pour ça que je travaille à cette intersection: je peux voir les policiers de loin. Mais c’est quand même toléré.
Faites-vous des trucs particuliers?
C’est sûr qu’en 36 secondes, j’ai pas le temps de donner une prestation très élaborée, mais oui, j’ai mes trucs. Par exemple, je fais des tours sur moi-même pendant que je jongle. Je fais aussi du mime, mais ça ne marche pas, faire du mime aux feux rouges. Le mime, c’est drôle, mais c’est pas assez impressionnant. L’été, je jongle à sept balles, mais l’hiver, je peux seulement jongler à cinq balles à cause de mes gants.
Ça doit être dur, l’hiver, à -20°Celsius?
Oui, c’est sûr que des fois mes doigts gèlent, mais c’est pas si pire, parce qu’au moins je suis toujours en train de bouger. Le plus gros problème, c’est pas le froid; c’est le fait de respirer du gaz. C’est mauvais pour la santé. Et faire bouger ses articulations au froid, ça ne doit pas être très bon non plus. Mais c’est pas grave. J’aime mon métier.
Pourquoi?
Parce que je sais que je rends les gens heureux. Je leur donne un répit dans leur journée. Des fois, ils s’arrêtent pour me le dire. Ils n’ont jamais vu ça ailleurs et ils trouvent ça original. C’est pas juste monétaire. Je vois ce que j’apporte aux gens et je suis sûr que ça va me revenir.
