
Le prince maudit de Christophe Gans, c’est lui. Vincent Cassel est le héros de La Belle et la Bête, un rôle taillé sur mesure pour un acteur fier de défendre les couleurs de cette superproduction française.
Le réalisateur Christophe Gans estime que personne en France n’aurait pu jouer la Bête à part vous. Est-ce que vous êtes d’accord?
C’est très gentil de sa part, mais il exagère quand même un petit peu. Les acteurs sont toujours remplaçables, quoi qu’on dise. Quand il m’a proposé le rôle de la Bête, j’ai trouvé que c’était une bonne idée et qu’il y avait une certaine logique dans sa démarche. Après, c’est facile de dire que personne ne pouvait le jouer à part moi quand les choses sont faites. (Rires) Le projet aurait quand même abouti sans moi.
Il dit aussi que le personnage vous ressemble. À la fois sombre, drôle, flamboyant… Y a-t-il beaucoup de vous dans les rôles que vous tenez?
Un acteur laisse toujours transparaître un peu de sa personnalité dans un rôle. Surtout s’il fait bien son travail. Cela ne veut pas dire non plus que je suis un braqueur de banque ou un violeur! (Rires) Disons que je dois avoir des couleurs qui correspondaient bien à ce personnage.
«Les récompenses que vous recevez n’augmentent pas le nombre de propositions qu’on vous fait. C’est votre capacité à faire rêver un metteur en scène qui compte. Il faut continuer à inspirer le désir en restant inatteignable. Finalement, un acteur est un dragueur.» – Vincent Cassel, expliquant que le prix César qu’il a reçu n’a pas forcément changé sa vie
Avez-vous hésité à vous joindre à ce projet? Il y a tout de même eu de nombreuses versions de La Belle et la Bête…
Brandir les références, c’est un peu bidon, en fait. (Rires) Le film de Cocteau avec Jean Marais est bien évidemment un chef-d’œuvre, avec des images qui restent. Mais il est aussi désuet et indigeste. J’ai essayé de le faire voir à mes enfants, et ils ont très vite décroché, en raison du rythme, très lent, et d’une théâtralité un peu trop prononcée. Aujourd’hui, notre œil est habitué à autre chose. Pour l’apprécier, il faut être un cinéphile ou avoir vécu à cette époque.
Quel regard portez-vous sur Léa Seydoux, qui joue la Belle à vos côtés?
Je la connaissais uniquement en tant qu’actrice. J’étais spectateur. Quand son nom est arrivé pour le projet, je l’ai trouvée idéale. C’est une femme, mais elle a encore ce côté presque poupon, ce visage tout frais, tout rond. Comme Belle, qui est finalement une jeune fille qui devient une femme. Et puis c’est tout de même une des seules actrices que nous ayons qui passe de Christophe Honoré à Mission : Impossible, en passant par Ridley Scott et Abdellatif Kechiche.
«Le prince est souvent chiant. Ce n’est pas le plus rigolo. Il est souvent montré comme un être parfait, pondéré. Alors que dans notre film, il est question de la rédemption d’un homme qui a tout perdu par avidité… Ça n’a rien à voir [avec cette image trop parfaite].» – Vincent Cassel, qui n’a jamais rêvé d’être prince étant enfant
Quand on tourne en motion capture, a-t-on l’impression que l’interprétation nous échappe?
Plus que dans n’importe quel film, ici, quand le tournage s’arrête, les choses ne sont plus entre nos mains. Ce que la Bête devient à l’écran ne dépend pas de moi. J’ai fonctionné en faisant confiance à Christophe Gans. Il avait une véritable vision. On a travaillé avec une superbe équipe sur les effets spéciaux. Et puis, vous savez, c’est un très bon exercice pour l’ego que d’incarner la Bête. Quand je vois le résultat, je suis heureux de faire partie d’une œuvre à l’ambition mondiale et j’espère qu’elle passera la barre pour que d’autres suivent derrière.
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La Belle et la Bête
En salle dès vendredi
