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Culture

Sauvons nos galas d’eux-mêmes

Xavier Dolan aux Jutra

Au lendemain du Gala des Jutra, c’est l’avalanche des obligatoires bilans.

Critiques élogieuses d’un côté, critiques amères de l’autre. Tantôt le numéro d’ouverture était sobre et élégant, tantôt il est plate et pas suffisamment ambitieux. Tu dis jaune, je dis vert – un mal qui afflige la présentation de nos remises de prix au Québec.

C’est d’ailleurs la seule unanimité possible : il y a un problème avec nos galas. Problème de visibilité, de pertinence, d’intérêt du public. Problème, toujours des problèmes, mais rarement des solutions.

Sauf que j’en ai une solution sortant un peu des sentiers battus pour nos galas : pourquoi ne pas en faire une affaire de famille en diffusion simultanée sur plus d’un réseau?

L’idée m’est venue en regardant Éric Lapointe se dandiner avec des rivets sur sa veste à La Voix et la conclusion me paraissait évidente : pourquoi s’obstiner à opposer nos galas aux gros canons de TVA les dimanches soirs?

Les Jutra ne sont pas les seuls coupables de cette stratégie. C’est plutôt devenu un standard du genre au fil des ans. Un gala, c’est le dimanche soir. Pourquoi? Parce que c’est comme ça.

Et si TVA, V et ICI Radio-Canada Télé s’unissaient afin de présenter le gala un samedi soir, par exemple, tous en même temps, lors d’un « temps mort » de la programmation? Case horaire généralement réservée aux films doublés de toute façon – pourquoi ne pas en faire le rendez-vous de notre mémoire collective quelques fois par année?

Après tout, autant l’industrie du cinéma que celle de la musique, de la télé et de l’humour au Québec finissent par faire travailler les mêmes intervenants, les mêmes équipes et les mêmes individus d’un réseau à l’autre. Il n’y a pas de raison d’entretenir une guerre de cotes d’écoutes et d’égo quand vient le temps de célébrer notre création artistique locale.

Si Fabienne Larouche, Julie Snyder et les Gémeaux ont réussi à mettre un terme à leurs chicanes, pourquoi ne pas unir les réseaux quelques fois par années afin d’adéquatement célébrer notre culture?

Vous me direz qu’il s’agit ici d’un rêve éveillé – ce à quoi je vous répondrais que le rêve, ici, n’est pas complètement démesuré. C’est une question d’établir des priorités chez nos diffuseurs. Souhaitons-nous faire des galas pour récompenser nos industries ou pour vendre plus de publicités de poulet et de voitures entre deux trophées? Présenter notre culture au plus grand nombre de téléspectateurs possibles ou espérer naïvement rivaliser avec les gros canons du dimanche de notre télévision?

À toujours répéter la même formule, les résultats ne diffèreront jamais.

Je lançais à la blague dimanche sur les médias sociaux qu’ignorer la soirée des Jutra est devenu une tradition annuelle encore plus forte que la remise de prix. Les cotes d’écoute me donneront sans doute raison – impossible d’ébranler les deux millions de téléspectateurs de La Voix. Et ce n’est pas parce que l’équipe des Jutra ne fait pas du bon travail – ils sont simplement investis d’une mission impossible. « A fool’s errand » comme diraient les Anglos.

Alors soit on change – soit on abandonne. Dans la forme actuelle, nos remises de prix obtiendront difficilement plus qu’une mention ironique dans un bas de page sous les résultats du Canadien et l’élimination d’un participant à une télé-réalité.

Un peu d’esprit de famille, il me semble que c’est la moindre des choses dans un petit marché comme celui du Québec. Faisons de notre culture une priorité, un choix de société, et nos une colonne dans un tableau Excel du budget de nos diffuseurs.

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