La bombe est tombée ce matin: Piment Fort sera de retour en ondes à l’hiver 2016, 15 ans après son retrait de nos écrans.
Mais, pourquoi?
La réponse n’est pas claire. Selon les principaux intéressés, c’est-à-dire TVA et Avanti, Piment Fort conservera son ton mordant, son ADN, mais avec une approche plus nuancée, plus «féminine» et mettant en vedette des artistes de la relève.
On vous promet un humour plus féminin, plus fin, moins cynique et qui fera une large place à la relève. #PimentFort https://t.co/nStYEJ1Aus
— Avanti Ciné Vidéo (@avanticinevideo) August 12, 2015
Sauf que l’on dépoussière un concept datant du milieu des années 1990 et un animateur qui admet embrasser le côté kitsch de l’émission avant son grand retour. Faire du neuf avec du vieux, semble-t-il.
Visiblement, TVA pense encore que la télévision emprunte à la mode son caractère cyclique, puisant ad nauseam dans ses succès d’antan et, surtout, ses artisans d’antan afin de bonifier son offre actuelle.
Pourtant, la nostalgie est une puissante locomotive. Sur les réseaux sociaux, plus particulièrement, la nécessité de revisiter les bonheurs du passé rallie les gens à coups de «likes» et de partages. Une communauté tissée serrée autour d’un passé culturel commun. De Piment Fort à Séraphin, en passant par Ti-Mé Paré, nos diffuseurs souhaitent monétiser à l’écran cet amour nostalgique des Québécois – à grands coups de «Je me souviens».
Sauf que trop de nostalgie, c’est comme pas assez de nostalgie.
C’est justement sur ces mêmes médias sociaux que les déceptions sont les plus vives par rapport à ce retour en ondes. Les moqueries abondent dans l’esprit de l’émission d’origine, sans filtre et bêtement méchantes.
Moi-même, j’ai difficilement résisté à la tentation de me moquer de la proposition, parce qu’elle est profondément ridicule. On ne développe pas la relève et l’avenir en couvrant ses murs d’une vieille tapisserie appartenant aux ruines d’une maison délabrée sur un terrain anciennement luxuriant.
On construit du neuf, on ne rafistole pas du vieux.
J’ai la même déception avec ce retour de Piment Fort que celle que j’exprimais avec la fin de SNL Québec. Le désir approximatif de nos diffuseurs d’explorer de nouveaux sentiers m’enlève l’envie de syntoniser nos chaînes, d’encourager notre télévision.
Parce que nos décideurs sont paresseux et puisent toujours l’eau d’un même puits avec l’espoir de retrouver l’abondance des années 80 et 90 en télé. Sauf que les temps changent, comme les téléspectateurs et les modes de diffusions.
Il serait à propos de changer, au même rythme, les propositions, les créateurs et les concepts.
Piment Fort sera de retour et une autre idée ne sortira pas de la pile des projets potentiels, malheureusement.
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BONUS : le bref retour en 2012 de l’émission, sur scène, nous offre une belle démonstration que le concept est épuisé et vétuste, sans même attendre la première diffusion cet hiver.
