Le film musical au Québec, c’est possible. Sébastien Godron le prouve avec Scratch, qui a été acclamé à Fantasia.
Pour son premier long métrage, Sébastien Godron a combiné ses deux passions: le cinéma et le rap. Son amour de la musique qui s’intègre au récit fait penser à des films comme dans Dancer in the Dark.
«Dans l’univers des films musicaux, le médium du rap est celui qui ressemble le plus à un dialogue, note le cinéaste en entrevue. C’est celui qui permet de décrocher le moins possible de la trame narrative et d’y intégrer de la musicalité. Parce que ça reste percutant, ça reste du texte. Je me suis dit qu’on allait pouvoir faire passer des émotions peut-être supérieures à travers les chansons.»
Le cinéaste y arrive par l’entremise d’un hip-opéra en trois actes qui prend la forme d’autant de styles cinématographiques. Ce procédé permet de mieux rendre compte de la réalité d’un jeune Haïtien qui a immigré avec sa famille dans un quartier pauvre de Montréal et qui tente de sortir de son milieu grâce à la musique. Le film illustre le parcours d’un être qui rêve grand pour survivre et qui apprendra beaucoup sur la vie, mais est aussi une critique de la culture hip-hop.
«Si on essaie de faire un film musical, on finit par tomber dans un carcan. Par contre, si on fait un film dans lequel il y a des chansons, peut-être que les chansons s’adaptent à l’histoire.» – Sébastien Godron
Des thèmes qui apparaissent au passage dans Noir (Nwa) et Sortie 67, et qui tentent d’aller plus loin que les clichés répandus.
«Je verse complètement dans les stéréotypes dans le premier acte pour que le spectateur soit saisi et qu’il porte ensuite une attention particulière au reste de l’histoire, confie le metteur en scène, qui admire le travail de Stanley Kubrick et des frères Dardenne. Pourquoi? Parce qu’à partir des deuxième et troisième actes, on finit par toucher l’essentiel: l’humanité des personnages. Si on s’intéresse aux humains dans les histoires, au contenu et non pas au contenant, on finit par ne plus être dans le stéréotype. On devient universel.»