L’été 2022 en sera un bien spécial pour l’artiste de musique électronique CRi qui, après avoir fait danser dans les clubs, foulera les scènes de festivals aux quatre coins de la province, notamment l’imposante scène principale du Festival de jazz.
Depuis la sortie en 2020 de son premier album, Juvenile, CRi a connu un beau succès dans la province, lequel l’a amené à remporter le Félix de la révélation de l’année au dernier Gala de l’ADISQ, une première pour un artiste de musique électronique. Il est maintenant présenté comme une des têtes d’affiche du Festival international de jazz de Montréal, une autre première dans le monde électro québécois.
«Ça a toujours été mon but de performer live, de m’émanciper du club. J’adore la culture du nightlife et faire des DJ sets, mais je n’ai pas envie d’être limité à ça. Je veux pouvoir faire mes propres spectacles et ne pas toujours avoir à me coucher à 3h30 du matin.»
«Que ce projet ait une telle reconnaissance au Québec, c’est comme la récompense ultime de ma démarche», poursuit le compositeur.
L’objectif de ce premier album était justement de réaliser un projet «100 % québécois» et de le faire rayonner à l’extérieur des bars.
«Il était important que mon premier album, ma fondation, soit fait chez moi, d’où je viens, avec uniquement des collaborateurs d’ici», explique-t-il.
Sur son album, on entend chanter Bernache, Jesse Mac Cormack, Sophia Bel, Robert Robert et nul autre que Daniel Bélanger.
La joie du live
Le musicien a pu présenter son album aux États-Unis dans la dernière année, mais il est excité d’enfin faire de même chez nous, devant un public québécois, maintenant que la majorité des restrictions sanitaires est levée dans la province.
Plusieurs de ses collaborateurs accompagnent l’artiste électronique en tournée, ce qui crée, explique-t-il, des spectacles avec une belle hybridité entre les moments dance plus introspectifs lorsqu’il est seul sur scène et les moments de spectacle plus pop traditionnel où le public peut chanter avec les artistes invité.e.s qui se joignent à lui.
CRi est très enthousiaste à l’idée de faire des spectacles live, autrement dit de jouer de la musique devant public en temps réel.
Mais l’artiste n’abandonne pas complètement les DJ sets. Souvent, après ses spectacles, il invite ses fans à un after-party où il s’amuse aux platines en tant que DJ.
À titre de précision, un DJ set n’est pas considéré comme de la musique live. Ça consiste à mixer différentes chansons ensemble, des chansons que le DJ aime, mais qui ne sont majoritairement pas les siennes. C’est une pratique que l’on trouve plutôt dans les contextes festifs, comme dans les clubs.
Désir de démocratisation
CRi a l’ambition de démocratiser la musique électronique dans la Belle Province et de la faire sortir davantage des clubs où elle était confinée auparavant.
«On a des artistes incroyables de musique électronique au Québec, mais je ne trouve pas qu’ils ont nécessairement la plateforme qu’ils méritent», estime-t-il.
Le musicien est conscient que ses collaborations avec des artistes populaires de renom comme Charlotte Cardin et Daniel Bélanger ont participé à son essor et que ce n’est pas tout le monde qui peut avoir ce privilège. Mais si son succès peut faire en sorte que plus de gens, hors d’une niche précise associée au nightlife, puissent s’intéresser à cette musique, il en serait très fier.
Il souhaite que l’électro connaisse une reconnaissance semblable à celle dont a joui le hip-hop québécois au cours des dernières années, notamment grâce au succès de Loud.
«Comme le hip-hop, la musique électronique est énormément écoutée au Québec. On n’a qu’à penser à des événements comme l’Igloofest et le Piknic Électronik qui accueillent des milliers et des milliers d’amateurs de musique à chaque édition», souligne-t-il.
CRi aimerait qu’il y ait un effort des diffuseurs et des médias pour valoriser cette musique. Selon lui, le Québec doit s’émanciper de certaines conventions qui font en sorte qu’on entend toujours les mêmes chansons à la radio.
«Il existe des institutions pour reconnaître la relève de la chanson québécoise au Québec, comme Les Francouvertes ou le Festival de la chanson de Granby, mais il n’y en a pas vraiment pour la musique électronique», constate-t-il, en se croisant les doigts pour que le paysage culturel québécois continue de se diversifier.