Élections

Mathieu Gratton: la politique pour aider les autres Benjamin 

Mathieu Gratton se présente pour le Parti libéral dans la circonscription de Laporte, sur la Rive-Sud.

Dans le cadre de la série «De la scène au Salon bleu», Métro s’entretient avec des artistes et personnalités médiatiques qui ont fait le saut en politique.

Poussé par un désir d’aider les autres, l’humoriste Mathieu Gratton tentera de se faire élire au sein du caucus libéral lors des prochaines élections provinciales. Il est prêt à troquer les applaudissements pour les critiques si c’est pour faire œuvre utile à l’Assemblée nationale. 

Candidat dans la circonscription de Laporte, qui englobe Saint-Lambert et une partie de Longueuil, Mathieu Gratton n’avait jamais sérieusement pensé à faire le saut en politique avant d’être approché par le Parti libéral du Québec (PLQ).

Celui qui est papa d’un jeune homme autiste – dont la maman est la comédienne et animatrice de télévision Patricia Paquin, de laquelle Mathieu Gratton est aujourd’hui séparé – pense toutefois pouvoir défendre les droits des personnes autistes à l’Assemblée nationale, comme il le fait activement dans son quotidien. 

Depuis 2017, l’artiste âgé d’une quarantaine d’années sensibilise la population au trouble du spectre de l’autisme sur sa page Facebook «Le monde de Benjamin» ainsi que dans le cadre de conférences et de spectacles-bénéfice. 

Ainsi, il veut poursuivre cette mission en devenant une courroie de transmission pour ceux et celles qui n’ont pas de voix, notamment pour les familles d’enfants autistes comme son fils Benjamin (qu’on pourra voir dans la nouvelle quotidienne de Radio-Canada Stat puisque le jeune homme de 20 ans a obtenu un rôle).  

«Je veux essayer, encore, d’aider les gens d’une autre façon, souligne-t-il. J’ai déposé des projets dans le passé et je me suis toujours dit que si j’avais eu un allié à l’Assemblée nationale ou si j’avais été moi-même là, peut-être que j’aurais pu faire plus pour ces familles-là.» 

Aider les plus vulnérables 

Bien qu’il ait aussi considéré se porter candidat pour la Coalition avenir Québec (CAQ) – à qui il a donné son vote aux dernières élections –, Mathieu Gratton a finalement choisi de porter les couleurs du PLQ. 

«J’ai lu la plateforme du parti [libéral]. Ce qui est proposé dans différents domaines, ça me plaît», déclare celui qui mentionne toutefois avoir voté «oui» au référendum de 1995.  

Plus particulièrement, c’est la proposition de créer un ministère responsable des personnes handicapées qui l’interpelle. «C’est une clientèle qui est vulnérable et qui va avoir de la difficulté à se défendre elle-même. Ça prend une oreille plus attentive au gouvernement pour ces personnes-là, incluant les personnes autistes», mentionne-t-il.  

Autre preuve du désir de Mathieu Gratton d’aider les plus vulnérables par tous les moyens possibles: en 2021, lui et sa conjointe, Marie-Laurence, avaient accueilli Scott, un jeune homme de 20 ans, dans leur famille.  

Depuis, Scott est parti vivre dans une autre famille après avoir développé des comportements agressifs qui influençaient les agissements du fils de M. Gratton, Benjamin. Mais le couple souhaite cependant être famille d’accueil à nouveau pour une personne autiste ou vivant avec une déficience intellectuelle.  

Or, l’idée est mise sur la glace jusqu’au lendemain du 3 octobre, jour du scrutin. «Ça fait partie de nos projets de rester famille d’accueil avec [un enfant avec] un profil peut-être pas trop lourd parce que si on est souvent en déplacement, il faut quand même offrir une stabilité», souligne M. Gratton. 

D’autant plus que la famille s’apprête à s’agrandir puisque sa conjointe attend un bébé, prévu pour février. Dans l’éventualité où Mathieu Gratton est élu, cet enfant va faire de la route, entre Québec et Saint-Lambert, mentionne le père de famille.  

«J’ai passé tellement de temps avec mon premier fils, que je ne me vois pas être un père absent. Ce n’est pas dans mes gènes ni dans mes tripes. Je vais trouver une façon de concilier les deux. C’est sûr que ça me fait un petit peu peur, mais je trouve ça excitant aussi. C’est comme une nouvelle vie», poursuit-il.  

Sa créativité, un atout 

Aux côtés de Ghyslain Dufresne, Mathieu Gratton a notamment été membre du duo comique Crampe en masse, pour lequel il a écrit la majeure partie des textes grivois. En 2000, il avait remporté le prix de «Découverte de l’année» au gala Les Olivier.

«Les gens ont facilement des préjugés sur l’individu qui se présente [en politique]. Dans mon cas, c’est le fait que je sois humoriste. C’est comme si je n’étais rien d’autre que ça», déplore-t-il. 

Bien qu’il confie aussi recevoir des commentaires plus virulents de la part d’internautes sur les médias sociaux depuis l’annonce de sa candidature, cela ne le décourage pas. «C’est surtout sur Twitter que c’est assez rough», précise-t-il.  

Le diplômé de l’École nationale de l’humour veut confondre les électeur.trice.s sceptiques et démontrer qu’un esprit créatif comme le sien peut être utile à l’Assemblée nationale.  

«Le métier d’humoriste, c’est d’observer les comportements des gens dans la société pour créer. Les humoristes sont des gens créatifs. La créativité, c’est un de mes atouts, pas juste dans les arts, mais dans l’idée de trouver des solutions à des problèmes», poursuit celui qui considère avoir fait «surtout autre chose» que de l’humour dans les 10 dernières années. 

Alors qu’il offre déjà des spectacles annuels aux citoyens de Laporte, Mathieu Gratton a aussi l’ambition de faire rayonner sa circonscription sur le plan culturel. «Un de mes projets, c’est d’essayer de monter un événement qui pourrait être récurrent et qui allierait le sport et la musique. Pour moi, ça peut être familial, très rassembleur», évoque-t-il.  

Si cette initiative aurait pour but d’attirer les jeunes à l’extérieur, le candidat souhaite également amener la culture aux résidents des centres pour personnes âgées à travers le Québec. «Que ce soit de la littérature, de la musique ou de l’humour de leur goût. On en connaît, des artistes qui font du corpo qui ont le temps et qui ont le goût de jouer devant des publics qui aiment l’art», poursuit-il.  

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