C’est le documentaire qui n’avait pas encore été produit sur la vie, la carrière et la mort tragique de Marie-Soleil Tougas et Jean-Claude Lauzon, la rétrospective que les admirateur.trice.s du défunt couple attendaient peut-être depuis 25 ans.
Chargé d’images souvenirs, de témoignages de proches et de collègues, d’informations parfois jamais entendues, de confidences touchantes, Marie-Soleil et Jean-Claude : au-delà des étoiles, a été déposé aujourd’hui sur la plateforme Vrai, juste à temps pour le 10 août, date du triste anniversaire du décès de la comédienne et du cinéaste, survenu en 1997.
De Chop Suey à Un zoo la nuit
Archi complet, le film d’un peu moins d’une heure trente, réalisé par Jean-François Poisson (L’Ordre du Temple solaire, L’escroc : L’affaire Norbourg) survole le parcours de la vedette du petit écran et du bouillant réalisateur depuis leur jeunesse, avec un regard sur chacun de leurs projets marquants.
De Marie-Soleil, on se remémore ses débuts inattendus à la caméra, survenus presque par hasard, dans la peau de Zoé dans Peau de banane, en 1982. Son petit frère Sébastien Tougas avait été choisi pour incarner le rôle du petit Renaud dans le téléroman de Guy et Christian Fournier, et on lui cherchait une grande sœur fictive, difficile à trouver. Quelle ne fut pas la surprise des créateurs de la série de constater le bagout de la «vraie» frangine de Sébastien lorsque celle-ci s’est présentée à eux!
Sa mère, Micheline Bégin, décrit sa fille comme une enfant curieuse à la crise d’adolescence furtive, qui n’a jamais utilisé sa notoriété pour en tirer des avantages… sauf pour éviter des contraventions auprès des policiers. Parce qu’apparemment que Marie-Soleil Tougas aimait la vitesse et avait le pied pesant en voiture!
Puis, on revit Chop Suey, sa relation amoureuse avec Alain Choquette, sa première visite à Fort Boyard (et son dégoût des insectes!) avec l’équipe de Chambres en ville (actuellement en rediffusion à Unis TV), le Téléthon Opération Enfant Soleil, ses cheveux rasés, sans doute pour marquer une coupure avec la gamine qu’elle fut jadis… Geneviève Borne, Louise Deschâtelets, Patricia Paquin, Guy Mongrain, la designer Mariouche Gagné et André Robitaille, entre autres, sont tous émotif.ve.s en relatant des portions de l’histoire de leur amie.
De Jean-Claude Lauzon, on revient sur son côté présomptueux et taciturne, le chemin qui l’a mené au septième art, Un Zoo la nuit, Léolo et Cannes. Nathalie Petrowski parle avec aplomb de ce jeune homme arrogant qui fut le protégé de son père, André Petrowski, et le monteur Michel Arcand, un ami personnel, met aussi en relief des parcelles inconnues de cet acclamé et mystérieux baveux.
Pas exactement des tourtereaux
On assiste au récapitulatif de la rencontre de ces deux êtres qui ne furent pas exactement des tourtereaux, on analyse comment une personnalité aussi pétillante et rassembleuse qu’elle et un grand rebelle comme lui ont pu fusionner autant. Marie-Soleil surnommait d’ailleurs Jean-Claude son pas chum. «Ça prenait un ange comme elle pour endurer un diable comme Jean-Claude», résume Gaston Lepage.
On a même droit à des échantillons de véritables écrits ou messages vocaux laissés ici et là par les deux artistes, narrés par des comédien.ne.s.
Le touffu portrait se termine avec le récit de l’écrasement du Cessna piloté par Jean-Claude Lauzon qui leur a coûté la vie, à une centaine de kilomètres de Kuujjuaq, au Nouveau-Québec, soutenu par des images des archives personnelles de Gaston Lepage. On se souvient que l’acteur, copain de longue date de Lauzon, ainsi que Patrice L’Écuyer, accompagnaient le duo lors de son ultime voyage. Périple au cours duquel, signale Guy Fournier à la caméra, Marie-Soleil Tougas était heureuse comme jamais elle ne l’avait été.
On revoit d’ailleurs, évidemment, des bribes de la conférence de presse donnée par Gaston Lepage et Patrice L’écuyer deux jours après l’accident, lorsque tous deux avaient courageusement raconté la séquence des événements, la gorge nouée et des sanglots dans la voix. On y voyait fondre en larmes un Patrice L’Écuyer à fleur de peau.
Le deuil, un processus
Gaston Lepage participait d’ailleurs, mardi, au point de presse virtuel qui accompagnait le dévoilement de Marie-Soleil et Jean-Claude: au-delà des étoiles, tout comme Sébastien Tougas.
Les deux hommes, qui ont semblé particulièrement touchés par le documentaire et la lumière qui en émane malgré tout, ont évoqué leur deuil difficile, mais aujourd’hui cicatrisé, après ce troublant revers du destin (signalons que Sébastien Tougas n’a jamais connu Jean-Claude Lauzon).
«Je ne pense pas qu’on puisse en guérir, a nuancé ce dernier. Je pense qu’on fait un cheminement. Je pense sincèrement que, jusqu’à mon dernier jour, j’aurai ce bagage avec moi, et ce n’est pas quelque chose que je perçois négativement. (…) Il faut faire un travail. Le processus se répète, il faut passer à travers les étapes du deuil. Et, si on ne le fait pas comme il faut, il faudra les revivre à un moment donné.»
Marie-Soleil et Jean-Claude: au-delà des étoiles, une production d’Attraction en collaboration avec Québecor Contenu, deviendra sûrement une pièce de collection pour les admirateur.trice.s de celle qui fut une enfant chérie de la télévision québécoise, et de celui qu’on surnommait l’enfant terrible du cinéma.
L’oeuvre constituera aussi sûrement, pour certain.e.s, un argument convaincant pour s’abonner à Vrai, deuxième (avec Club illico) plateforme de vidéo sur demande de Vidéotron disponible par abonnement payant (sur Hélix Télé, l’appli Hélix TV, l’application QUB et illico Télé).